Les deux Corées relancent des discussions encore fragiles

Ministre de l'Unification de Corée du sud Cho Myoung-gyon et son homologue de Corée du Nord Ri Son Gwon. La Corée du Nord et la Corée du Sud sont convenus vendredi de tenir des pourparlers militaires le 14 juin prochain, annoncent les deux pays dans un communiqué conjoint. /Photo prise le 1 juin 2018/REUTERS/Yonhap

par Hyonhee Shin

SEOUL (Reuters) - La Corée du Nord et la Corée du Sud ont convenu vendredi de se retrouver à deux reprises au mois de juin pour des discussions sur les questions militaires et les réunions des familles séparées par la guerre de 1950-53.

La décision a été annoncée dans un communiqué commun publié à l'issue d'une réunion de haut niveau dans le village de Panmunjom, dans la zone démilitarisée séparant les deux pays.

Pyongyang avait annulé le mois dernier une réunion programmée avec le Sud pour protester contre des manoeuvres organisées par la Corée du Sud et les Etats-Unis dans la région.

Mais le processus de rapprochement entre les deux Corées a été relancé samedi dernier par le président sud-coréen Moon Jae-in et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, qui se sont rencontrés pour la deuxième fois en quelques semaines après leur sommet du 27 avril.

Parallèlement, la Corée du Nord multiplie les contacts avec les Etats-Unis pour tenter d'organiser un sommet entre Kim et Donald Trump le 12 juin à Singapour.

Kim Yong-chol, un proche conseiller de Kim Jong-un qui s'est entretenu mercredi et jeudi à New York avec le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, doit se rendre ce vendredi à la Maison blanche où il remettra au président américain une lettre du dirigeant nord-coréen.

Les discussions intercoréennes de vendredi ont réuni le ministre sud-coréen de l'Unification Cho Myoung-gyon et le président de la commission nord-coréenne pour la réunification paicifique du pays, Ri Son-gwon.

Elles avaient été annoncées lors du sommet du 27 avril, à l'issue duquel Kim Jong-un et Moon Jae-in ont promis d'oeuvre à la dénucléarisation de la péninsule et à la conclusion d'un traité de paix.

MÉFIANCE

Les pourparlers militaires auront lieu le 14 juin dans la partie nord de Panmunjom, une autre réunion sur les échanges sportifs est programmée le 18 juin dans la partie sud.

Quant aux discussions sur le dossier délicat des réunions de familles séparées, elles se tiendront le 22 juin dans la zone touristique spéciale du mont Kumgang, en Corée du Nord.

Dans leur communiqué, les deux Corées annoncent également s'être entendues sur l'ouverture d'un bureau de liaison dans la ville frontalière de Kaesong, en Corée du Nord, où elles exploitaient conjointement un parc industriel jusqu'à sa fermeture lors d'une crise en 2016.

Durant leur entretien, Ri Son-gwon a reproché à Cho Myoung-gyon d'avoir créé "une grave situation" qui a conduit Pyongyang à annuler une réunion le mois dernier.

Ri n'a pas donné de détails mais Pyongyang s'est offusqué que Séoul autorise un ancien diplomate nord-coréen en Grande-Bretagne, Thae Yong-ho, qui a fait défection au sud en 2016, à faire la promotion de son livre au Parlement, ouvrage dans lequel il dépeint Kim Jong-un comme un être "impatient, impulsif et violent".

Le Nord réclame également le rapatriement de dizaines d'employés de restaurant nord-coréens arrivés en Corée du Sud via la Chine il y a deux ans. Pyongyang déclare qu'ils ont été enlevés, Séoul assure qu'ils sont venus librement.

Sans aucune autre précision, Ri a également mentionné "un problème très grave" qui constitue une "source de méfiance" pour la Corée du Nord. Cette question déterminera "si le climat est à la réconciliation et la coopération, ou à la méfiance et la confrontation", a-t-il dit.

La Corée du Nord a proposé qu'une commémoration intercoréenne soit organisée pour célébrer l'anniversaire du sommet intercoréen historique de 2000 qui avait réuni le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il, père de Kim Jong-un, et le président sud-coréen Kim Dae-jung.

Mais Cho a décliné l'invitation, en évoquant des problèmes de calendrier et de logistique.

"Il y avait des choses en commun et également des différences entre les deux parties jusqu'à ce que nous adoptions le communiqué commun" a résumé Ri, sans en dire davantage.

(Arthur Connan et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)