Les changes pénalisent les Bourses en Europe, accord à l'Opep

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont fini jeudi dans le rouge, pénalisées par la hausse de l'euro et de la livre sterling, au terme d'une séance marquée en outre par l'annonce par l'Opep de la prolongation jusqu'à fin 2018 des accords d'encadrement de la production de pétrole afin de soutenir les cours.

Paris et Francfort ont commencé dans le vert avant de se retourner à la baisse avec la hausse de l'euro, parallèlement à un repli du dollar sur de nouveaux doutes concernant le projet de réforme fiscale de l'administration Trump et sur des signes montrant que l'inflation aux Etats-Unis refuse toujours de décoller.

A Paris, le CAC 40 a cédé 0,47% (25,26 points) à 5.372,79 points et à Francfort, le Dax a perdu 0,29%. A Londres, le FTSE a passé toute la séance dans le rouge, un renchérissement du sterling sanctionnant ses valeurs exportatrices, pour finir à -0,9%.

La devise britannique, soutenue notamment par des signes d'avancées dans les négociations sur le Brexit, a repassé la barre de 1,35 dollar pour la première fois depuis fin septembre.

L'indice EuroStoxx 50 a perdu 0,56%, le FTSEurofirst 300 0,46% et le Stoxx 600 0,33%.

Sur l'ensemble du mois de novembre, le CAC a perdu 2,37%, le Dax 1,55%, le FTSE 2,14% et le Stoxx 600 2,16%.

A l'échelon mondial, en revanche, le climat reste au beau fixe pour les marchés d'actions puisque l'indice MSCI World s'apprête à boucler son 13e mois consécutif de hausse, pour la première fois depuis sa création il y a 30 ans.

Le dollar a accentué son recul, permettant à l'euro de repasser la barre de 1,19 dollar, après les propos d'une sénatrice déclarant qu'elle ne voterait pas le projet de réforme de la fiscalité du Parti républicain.

"Une des explications, plus technique cette fois, serait un rebalancement des portefeuilles en fin de mois qui pourrait être négatif pour le dollar", rajoute Andréa Tueni, trader chez Saxo Banque.

LE DOW JONES PASSE LES 24.000 POINTS

Le dollar a pu pâtir également de la publication d'une mesure de l'inflation très surveillée par la Réserve fédérale, l'indice des prix "core PCE", qui tarde à se réveiller.

Le billet vert souffre aussi d'un accès de faiblesse des rendements obligataires américains: le taux de l'emprunt d'Etat à 10 ans évolue autour de 2,397% après un pic à 2,4% plus tôt dans la journée.

L'autre nouvelle de la journée est venue de Vienne, où l'Opep - et les pays hors Opep partie à l'accord - ont validé la prolongation jusqu'à fin 2018 de l'accord de réduction de la production. Cette décision a eu peu d'effet sur les cours du brut, déjà orientés à la hausse avant la réunion du cartel.

Elle a profité par contre aux sociétés de services pétroliers comme TechnipFMC, qui a pris 2,13%, la plus forte hausse du CAC.

L'accord pétrolier soutient également le compartiment de l'énergie à Wall Street, où le Dow Jones a passé les 24.000 points, pour la première fois de son histoire, immédiatement après l'ouverture. Il progresse de 0,9% à l'heure de la clôture en Europe, le repli du dollar favorisant en outre les titres des sociétés tournées vers l'exportation.

Aux valeurs en Europe, Altice a encore perdu 5,63% pour finir à 6,634 euros, son plus bas niveau historique de clôture.

Le cours du groupe fondé par Patrick Drahi a fondu de plus de 59% depuis le 3 novembre et la publication de résultats trimestriels nettement inférieurs aux attentes, qui ont déclenché une crise de confiance du marché.

Contre la tendance, Euronext affiche un gain de 4,18% à la suite de l'annonce, mercredi soir, de l'acquisition de l'Irish Stock Exchange (ISE), l'opérateur de la Bourse de Dublin, pour 137 millions d'euros, renforçant, à l'heure du Brexit, le profil de croissance et l'internationalisation de l'opérateur boursier européen.

(édité par Wilfrid Exbrayat)