Les Bourses tentent un rebond malgré l'incertitude en Italie

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes gagnent du terrain en début de séance lundi après une ouverture prudente, effaçant ainsi une partie de leurs lourdes pertes de vendredi, mais la prudence pourrait limiter l'ampleur du rebond en l'absence de résultats clairs des élections législatives italiennes de dimanche, un scrutin qui pourrait déboucher sur un blocage politique durable ou la formation d'une coalition eurosceptique.

À Paris, le CAC 40 gagne 0,34% à 5.153,96 points vers 08h50 GMT. À Francfort, le Dax prend 0,47% et à Londres, le FTSE 100 avance de 0,44%. L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 est en hausse de 0,46%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,28% et le Stoxx 600 de 0,45%.

Ce dernier avait chuté de 2,06% vendredi et le CAC 40 de 2,39% en raison des craintes de guerre commerciale après la décision de Donald Trump de taxer les importations d'acier et d'aluminium aux Etats-Unis.

La Bourse de Milan, elle, creuse ses pertes de la semaine dernière et recule 0,91% au lendemain des élections législatives; si les résultats définitifs ne sont pas encore connus, les indications disponibles montrent d'une part une absence de majorité claire, d'autre part une poussée nette des partis hostiles à l'euro et à l'Union européenne, deux éléments généralement peu appréciés par les investisseurs.

L'un des enseignements marquants du scrutin semble être le succès du Mouvement Cinq Etoiles (M5S), qui se présent comme "anti-système", devenu le premier parti politique italien au vu des résultats encore partiels.

"Le pays pourrait connaître une période prolongée de blocage politique et le Mouvement Cinq Etoiles (M5S) a de bonnes chances de faire partie du prochain gouvernement", estime Fabio Balboni, économiste de la banque HSBC.

"Pour les marchés, beaucoup de choses tiendront à la question de savoir si le M5S, s'il joue un rôle au gouvernement, sera aussi radical que son programme le suggère."

Pour Tangi Le Liboux, stratège chez Aurel BGC, "le scénario du pire, improbable car le M5S a toujours écarté toute alliance jusqu’à présent, reste possible, à savoir une alliance entre populistes. En effet, la Ligue du Nord et le M5S ont la majorité si les deux partis décidaient de s’entendre."

"Mais il est inutile de spéculer à ce stade, car tout reste possible en Italie. La seule certitude est l'incertitude complète", ajoute-t-il.

L'indice des valeurs bancaires italiennes cède 2,64% et parmi les principaux acteurs du secteur financier italien, Intesa Sanpaolo recule de 2,38% et UniCredit de 2,9%.

AXA BAISSE APRÈS LE RACHAT DE L'AMÉRICAIN XL

Sur le marché des dettes souveraines, le rendement des emprunts d'Etat italiens à dix ans bondit de plus de six points de base à 2,088% après un pic à 2,128%.

Plus anecdotique, le recul du groupe de médias et de publicité Mediaset (-5,11%) après le retour peu convaincant sur la scène électorale de son fondateur, Silvio Berlusconi.

L'incertitude sur l'avenir politique de l'Italie pèse plus globalement sur l'euro, qui cède du terrain face au dollar et revient autour de 1,23. Face au yen, la monnaie unique cède -0,13% à 130,07 après un plus bas de six mois à 129,35.

Parmi les autres valeurs malmenées en ce début de séance figurent plusieurs acteurs du secteur automobile, qui réagissent mal aux menaces de Donald Trump de taxer les voitures importées aux Etats-Unis. BMW cède 1,57%, Daimler 0,52% et l'équipementier Continental 0,6%.

A Paris, Axa, en repli de 6,95%, accuse la plus forte baisse du CAC 40 après l'annonce du rachat de l'assureur américain XL Group pour 12,4 milliards d'euros, un prix jugé élevé par plusieurs analystes.

TF1 cède 1,85% sur des informations évoquant des chutes marquées d'audience ces derniers jours après la décision de Canal+ d'interrompre la diffusion des chaînes du groupe faute d'accord financier.

A la hausse, Siltronic, spécialiste allemand des "wafers", les galettes de silicium servant à la fabrication des semi-conducteurs, bondit de 10,92% après ses résultats annuels définitifs et l'annonce du paiement de son premier dividende.

Sur le marché des devises, le dollar reprend 0,02% face à un panier de devises de référence, effaçant une petite partie des pertes subies jeudi et vendredi face à la perspective de tensions commerciales internationales.

Face au yen, le billet vert, à 105,57, reste proche du plus bas de 16 mois touché vendredi à 105,24.

La crainte d'une guerre commerciale à grande échelle a pesé sur la Bourse de Tokyo, qui a cédé 0,66%.

Les cours du pétrole, eux, repartent à la hausse après une réunion entre représentants de l'Opep et du secteur américain du pétrole de schiste à Houston, qui nourrit l'espoir d'efforts coordonnées pour désengorger le marché mondial.

(Edité par Marc Joanny)