Les Bourses mondiales à nouveau chahutées par le risque Trump

par Blandine Henault

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes évoluent en baisse mercredi à mi-séance et Wall Street est attendue dans le rouge, les craintes de voir les Etats-Unis mettre en oeuvre des mesures protectionnistes ayant été ravivées par la démission de Gary Cohn, le principal conseiller économique de Donald Trump à la Maison blanche.

À Paris, le CAC 40 recule de 0,47% à 5.146,13 à 11h50 GMT. À Francfort, le Dax abandonne 0,11% et à Londres, le FTSE perd 0,01%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 lâche 0,4%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro 0,33% et le Stoxx 600 0,4%.

Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en repli de l'ordre de 1%. La Bourse de New York a terminé de justesse dans le vert mardi, l'annonce de la démission de Gary Cohn ayant eu lieu après la clôture du marché américain. L'impact a été visible d'abord sur les Bourses en Asie, qui ont toutes terminé en territoire négatif.

La démission de Gary Cohn, connu pour s'opposer aux partisans du protectionnisme au sein du gouvernement fédéral américain, laisse penser aux investisseurs que Donald Trump est bel et bien déterminé à mettre en oeuvre son projet de taxe sur les importations américaines d'acier et d'aluminium.

"Gary Cohn était jugé avec bienveillance par les marchés, qui voyaient en lui une force modératrice auprès de Donald Trump", indique Franklin Pichard, chez Kiplink Finance. "Ce virage protectionniste constitue un facteur de stress passager pour les marchés financiers qu'il va falloir gérer".

Les investisseurs redoutent également d'éventuelles mesures de rétorsion de partenaires commerciaux des Etats-Unis, comme le Canada, la Chine et l'Europe, un engrenage qui menacerait le rythme de la croissance économique mondiale.

LE DOLLAR EN BAISSE

En Europe, les secteurs automobile (-0,96%) et des ressources de base (-1,98%), perçus comme les premières victimes d'une hausse possible des barrières douanières, repartent à la baisse après le bref répit observé mardi.

Les compartiments de l'immobilier (+0,17%) et des services aux collectivités (+0,11%) profitent pour leur part de la baisse des rendements obligataires dans le contexte de regain d'aversion au risque.

Le rendement des Treasuries à 10 ans retombe vers 2,84% et celui du Bund allemand de même échéance évolue à moins de 0,66%.

Sur le marché des changes, le dollar est pénalisé par les craintes entourant la politique de Donald Trump et évolue proche d'un point de bas de 14 mois face au yen.

Plus globalement, le billet vert recule de 0,09% face à un panier de devises de référence, dont l'euro qui remonte à plus de 1,2420 dollar à la veille de la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE).

La devise unique n'a guère réagi à la confirmation d'une forte croissance en zone euro en 2017.

En dépit de la faiblesse du dollar, la menace d'une guerre commerciale susceptible de peser sur la croissance mondiale pénalise aussi les cours des matières premières.

ROLLS ROYCE S'ENVOLE

Outre ces craintes généralisées, la séance en Europe est aussi animée par l'actualité des entreprises: le britannique Rolls Royce bondit ainsi de 13,08%, en tête du Stoxx 600, après des résultats annuels meilleurs que prévu.

Le gestionnaire des aéroports parisiens ADP monte de 4,72% alors que l'Etat se préparerait à céder l'ensemble de sa participation de 50,6% dans le groupe.

Toujours à Paris, Maisons du Monde (-5,09%) accuse le plus fort repli du SBF 120, après des prévisions jugées décevantes pour 2018.

Publicis, lanterne rouge du CAC, se replie de 1,68% après la menace du géant américain des produits de grande consommation Procter & Gamble, le plus gros annonceur mondial, de réduire encore les sommes qu'il verse aux agences de publicité.

(Édité par Marc Angrand)