Les Bourses européennes en baisse, le plan acier US inquiète

par Blandine Henault

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes évoluent en nette baisse vendredi dans la matinée, en réaction au programme de Donald Trump pour l'acier américain qui relance les craintes de guerre commerciale susceptible de peser sur la croissance économique mondiale.

À Paris, l'indice CAC 40 abandonne 1,55% à 5.180,78 points vers 09h25 GMT. À Francfort, le Dax recule de 1,83% et à Londres, le FTSE cède 0,62%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro recule de 1,41%, le FTSEurofirst 300 de 1,19% et le Stoxx 600 de 1,19%.

Le président américain a annoncé jeudi que les Etats-Unis imposeraient la semaine prochaine des droits de douane de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium afin de défendre une industrie sidérurgique américaine "décimée par des décennies de commerce inéquitable".

L'annonce a profité aux valeurs sidérurgiques américaines mais a pénalisé les sidérurgistes en Asie et en Europe. ArcelorMittal recule ainsi de 5,23%, Salzgitter perd 4,52% et Norsk Hydro lâche 2,05%.

Les entreprises utilisant de l'acier, dont les coûts de fabrication devraient augmenter, sont aussi pénalisées, à l'instar de l'aéronautique et de l'automobile.

Safran et Airbus reculent respectivement de 2,88% et de 3,03% après le recul de 3,46% de Boeing la veille à Wall Street.

Le compartiment automobile européen accuse la plus forte baisse sectorielle, avec une chute de 2,4%.

LE DOW JONES DANS LE ROUGE EN 2018

A l'inverse, certains valeurs européennes profitent de l'annonce du projet américain de droits de douane sur l'acier et l'aluminium : c'est notamment le cas de Vallourec qui dispose de capacités de production aux Etats-Unis et pourrait être en mesure d'augmenter ses prix face à une concurrence chinoise bas-de-gamme devenue plus chère.

A Wall Street, le spectre d'une guerre commerciale entre les Etats-Unis et ses principaux partenaires commerciaux a plombé jeudi soir les indices américains, déjà rendus nerveux par les anticipations de hausses de taux de la Réserve fédérale cette année. La Bourse de New York a clôturé pour la troisième séance consécutive sur une baisse supérieure à 1%.

Le Dow Jones a ainsi basculé en territoire négatif en 2018 tandis que le S&P-500 revient quasiment à l'équilibre depuis le début de l'année.

En Asie, l'indice Nikkei à Tokyo a chuté de 2,5%, avec le repli des valeurs de la sidérurgie et de l'automobile, portant à 3,25% sa baisse sur l'ensemble de la semaine.

Le marché d'actions japonais a aussi souffert de la hausse du yen après les déclarations du gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda, qui a indiqué que la banque centrale envisagerait une sortie de sa politique monétaire accommodante si son objectif d'inflation était atteint durant l'année fiscale 2019.

DANS L'ATTENTE DU RÉSULTAT DES VOTES ITALIEN ET ALLEMAND

La crainte d'une guerre commerciale susceptible de freiner la croissance économique américaine pèse sur le dollar, en repli de 0,18% face à un panier de devises de référence.

Le billet vert avait déjà souffert jeudi après les propos devant le Sénat américain du tout nouveau président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, qui a mis l'accent sur l'absence de preuves tangibles de l'accélération des salaires ou de surchauffe économique.

L'euro en a profité pour repasser au-dessus de 1,2250 dollar mais reste sous pression avant le résultat des scrutins en Italie et en Allemagne.

Les Italiens se rendent aux urnes ce dimanche pour des élections législatives à l'issue particulièrement indécise.

Le même jour, seront connus les résultats de la consultation des membres du parti social-démocrate allemand (SPD) concernant la coalition proposée avec le parti conservateur de la chancelière Angela Merkel.

Le marché obligataire est tiraillé entre les craintes de poussée inflationniste, qui tirent les rendements à la hausse, et son statut d'actif refuge dans un contexte de marché nerveux, qui favorise la baisse des taux.

Le rendement des emprunts du Trésor américain à 10 ans est ainsi brièvement retombé sous la barre de 2,8%, avant de revenir autour de 2,81%.

En Europe, le rendement du Bund allemand de même échéance évolue en baisse de près de trois points de base, à 0,614%, un plus bas depuis la fin janvier.

Sur le marché pétrolier, les cours du brut se stabilisent après leur net repli de la veille mais restent orientés à la baisse. Le baril de Brent se traite à moins de 64 dollars et le baril de brut léger américain (WTI) à près de 61 dollars.

(Édité par Wilfrid Exbrayat)