Les Bourses en ordre dispersé face aux risques politiques

par Blandine Henault

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes ont clôturé en ordre dispersé lundi, tiraillées d'un côté entre la progression de Wall Street et celle du secteur des ressources de base et de l'autre les craintes persistantes autour de plusieurs dossiers politiques comme le Brexit et la Catalogne.

À Paris, le CAC 40 a terminé en hausse de 0,21% à 5.362,88 points et le Dax allemand a gagné 0,09%. L'indice EuroStoxx 50 a pris 0,05%, le FTSEurofirst 300 0,07% et le Stoxx 600 a fini quasiment inchangé.

Le Footsie britannique a reculé pour sa part de 0,11%, pénalisé par les inquiétudes autour d'un possible échec des négociations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne sur le Brexit avant la tenue d'un Conseil européen jeudi.

Ces craintes ont aussi pénalisé la livre sterling, en repli de 0,05% face au dollar.

"Plus le temps passe et plus la probabilité d'un 'hard Brexit' sans compromis prend forme. La monnaie britannique devrait rester très sensible dans les semaines à venir car le scénario d'un 'hard Brexit' ne semble pas intégré dans les cours", observe Nicolas Chéron, responsable recherche marchés pour Binck.fr.

A Madrid, l'indice Ibex 35 a reculé de 0,75%, affecté par les incertitudes entourant le sort de la Catalogne. Le gouvernement espagnol a estimé lundi que le président de l'exécutif catalan Carles Puigdemont ne lui avait pas répondu sur le fait de savoir s'il avait ou non déclaré l'indépendance de la Catalogne, et lui a donné jusqu'à jeudi pour clarifier sa position.

Sur le marché obligataire, l'écart de rendement entre les obligations d'Etat espagnoles à 10 ans et celles allemandes de même échéance s'est creusé à plus de 120 points de base, contre 118 vendredi.

De son côté, l'euro recule de 0,1% face au dollar, à 1,1810, au plus bas depuis près d'une semaine.

OPTIMISME SUR LA CROISSANCE CHINOISE

Les Bourses européennes ont néanmoins bénéficié du soutien de Wall Street, où les indices actions progressent sur de nouveaux plus hauts. Les investisseurs réagissent positivement aux premières publications de la saison des résultats trimestriels des entreprises américaines avant une nouvelle salve attendue cette semaine.

Cinquante-cinq entreprises du S&P 500 doivent publier leurs résultats dans les prochains jours. Trente-deux sociétés les ont déjà annoncés, 84,4% d'entre elles ayant fait état de bénéfices trimestriels supérieurs aux attentes, selon des données Thomson Reuters.

La progression du compartiment des ressources de base (+0,84%) a aussi soutenu la tendance en Europe. Le secteur a profité de la hausse des cours des métaux - le prix du cuivre a repassé la barre de 7.000 dollars la tonne pour la première fois en trois ans - à la faveur d'indications favorables sur l'économie chinoise. Les prix à la production ont notamment affiché un bond inattendu de 6,9% en rythme annuel en Chine, grâce entre autres à la vigueur de la demande dans le secteur de la construction.

Le gouverneur de la Banque populaire de Chine (BPC), Zhou Xiaochuan, a en outre dit anticiper une croissance de 7% au second semestre, soit un peu plus que le taux de 6,9% dégagé le semestre précédent, défiant ainsi les anticipations de beaucoup d'économistes et d'investisseurs.

Ces éléments interviennent à quelques jours du début du congrès du Parti communiste au pouvoir, qui devrait reconduire l'actuel secrétaire général et président de la République populaire, Xi Jinping.

BOND DU PÉTROLE AVEC LES TENSIONS AU MOYEN-ORIENT

Du côté des valeurs individuelles, les plus fortes baisses du Stoxx sont revenues au britannique ConvaTec et l'espagnol Siemens Gamesa qui ont perdu respectivement 26,6% et 6,3% après avoir chacun revu à la baisse leurs prévisions de résultats annuels.

A l'inverse, Ipsen (+6,11%) a clôturé en tête du SBF 120 et du Stoxx 600 après avoir annoncé en cours de séance le succès d'une étude clinique de Phase 3 pour la molécule cabozantinib dans le traitement du cancer du foie.

Sur le marché pétrolier, les cours du brut grimpent, le baril de Brent évoluant à plus de 57 dollars et celui du brut léger américain à près de 52 dollars, après un regain de tensions entre Bagdad et les Kurdes.

Les forces irakiennes ont affirmé lundi avoir pris aux combattants kurdes le contrôle de plusieurs positions, dont une zone industrielle et une raffinerie de pétrole, au sud de la ville de Kirkouk.

Les inquiétudes autour d'éventuelles sanctions des Etats-Unis contre l'Iran animent également le marché pétrolier après la décision de Donald Trump de ne plus "certifier" l'accord international sur le nucléaire iranien.

(édité par Véronique Tison)