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Les amants du couvre-feu : "J’ai découvert les clubs échangistes et les saunas libertins"

Depuis le samedi 17 octobre, un couvre-feu est obligatoire à 21h dans plusieurs grandes villes de France. Dans Les amants du couvre-feu, célibataires et amants racontent comment ils arrivent à concilier contraintes sanitaires avec leurs vies amoureuses et sexuelles.

Si vous aussi vous voulez raconter vos belles histoires de vie, d'amitié et d'amour, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : lucilebellan@gmail.com.

Lila a 53 ans et elle est célibataire. Ses deux grands enfants habitent encore chez elle, ce qui rend impossible pour elle l’idée de recevoir ses amants à domicile. Vivant à une heure de Paris, elle a l’habitude d’une organisation bien huilée pour les voir – aujourd’hui mise à mal par les obligations du couvre-feu. Depuis avril 2019, la mère de famille est inscrite sur des sites et applications de rencontre. Jusqu’au confinement, elle profitait d’une vie de liberté faite de rendez-vous avec des amants réguliers et occasionnels qu’elle voyait chez eux ou à l’hôtel.

La découverte du libertinage

Après le confinement, elle décide de ne revoir que ceux avec qui elle a gardé le contact : pour se protéger, elle ne fait pas de nouvelles rencontres pendant un temps. Et puis, au cœur de l’été, elle réinstalle de nouveau les applications et fait de nouvelles expériences : “Fin juillet j'ai passé un cap, car avec un amant régulier nous avons fait une soirée privée avec plusieurs couples. Ensuite, en août, j’ai eu un nouvel amant avec qui nous sommes allés en clubs échangistes et en soirées privées couples. J’ai eu de nouveaux contacts suite à ces sorties avec qui nous avons continué les clubs. J’ai alors aussi découvert les saunas libertins, où je suis retourné de nombreuses fois avec d'autres partenaires. Cela a grandi mon réseau de libertins jusqu'à la veille de la fermeture des bars car ces lieux ont fermé aussi.”

S’aimer et sexer malgré le couvre-feu

L’annonce du couvre-feu l’a dépitée mais elle choisit de s’adapter à la situation, comme elle l’a toujours fait. Un match Tinder lui propose directement de passer la nuit chez elle. Elle a conscience du risque que cela représente et de l’incertitude qu’il y a quant au désir potentiel mais décide d’y aller sur une intuition. “On a échangé sur le fait que cela n'engageait à rien d'obligatoire, rien sans consentement, qu’il fallait respecter que l'on pouvait passer une soirée ensemble et dormir sur place. Ce fut une super rencontre et soirée, avec le feeling en plus ! On va se revoir.”

Cette période aurait pu me calmer sur les risques, mais j'ai toujours aimé l'imprévu, l'insolite, le piment dans les rencontres, afin de me sentir vivante.

Lila a l’habitude de voir ses amants chez eux mais elle a toujours la possibilité de repartir chez elle quand elle en ressent le besoin ou l’envie. Le couvre-feu change la donne : “Cette période aurait pu me calmer sur les risques, mais j'ai toujours eu ce tempérament, aimé l'imprévu, l'insolite, le piment dans les rencontres, afin de me sentir vivante. Surtout ces dernières années et de plus en plus.”

Garder sa liberté à tout prix

Lila est en effet une femme qui a eu un parcours parfois difficile. Libérée et portée sur le sexe tôt, elle subit des violences physiques de la part de son mari avant de se séparer de lui, puis passe treize ans avec le père de ses enfants qui l’étouffe sous sa jalousie. Depuis seize ans, elle se reconstruit de ces violences psychologiques. Et c’est par les rencontres et le sexe qu’elle retrouve sa liberté et sa confiance en elle. Elle a tenté un temps de vivre une histoire monogame mais a préféré y mettre fin pour vivre un vie plus conforme à ses désirs.

Je continuerai à m'adapter aux contraintes mais je n'envisage pas de me priver.

C’est dans cet état d’esprit qu’elle est aujourd’hui : “Je n'envisage pas encore de vie sentimentale, car c’est vraiment difficile de trouver l'homme pour cela ou trouver celui qui s'adaptera à ma façon de vivre.” En ce qui concerne ses futurs dates, elle est philosophe. “Je continuerai à m'adapter aux contraintes mais je n'envisage pas de me priver, en respectant au mieux les règles parce que je ne suis pas irresponsable. Mes expériences de vie m'ont parfois privée de liberté ou d'être moi-même, le temps passe et je veux profiter tant que je peux encore, rester au fond une rebelle.” Elle n’attend pas d’être comprise : “Je sais que, vu de l'extérieur, on pourrait ne pas comprendre que je dépasse des limites, surtout pendant cette période !” Mais la cinquantenaire désire plus que tout mener une vie qui lui ressemble et qui la rend heureuse dans un monde bouleversé.

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