Les actions repartent mais les tensions demeurent

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont relevé la tête jeudi et Wall Street prend le même chemin, les investisseurs saisissant les opportunités d'achat offertes par le net repli de la veille provoqué par la menace américaine d'ériger de nouvelles barrières douanières face aux produits chinois.

Les tensions commerciales n'ont cependant pas disparu, même si Donald Trump a paru vouloir apaiser les débats en déclarant, lors d'une conférence de presse à Bruxelles à l'issue d'un sommet de l'Otan, que les choses "finiraient par s'arranger".

À Paris, le CAC 40 a pris 0,97% à 5.405,90 points. Le Footsie britannique a gagné 0,78% et le Dax allemand 0,61%.

L'indice EuroStoxx 50 a progressé de 0,68%, le FTSEurofirst 300 de 0,8% et le Stoxx 600 de 0,78%.

Ce rebond des indices européens, qui avaient perdu mercredi entre 1,3% et 1,5%, s'est inscrit dans la foulée de celui observé en Asie, où la Bourse de Shanghai a repris 2,18% et l'indice Nikkei à Tokyo 1,17%.

Wall Street a suivi le mouvement, ses indices de référence progressant de 0,6% à 0,9% à l'heure de la clôture en Europe grâce notamment à la performance des valeurs technologiques, très sensibles aux frictions commerciales. Microsoft (+2,05%), Amazon (+1,64%) et Facebook (+1,68%) ont ainsi profité de l'accalmie pour battre leurs records en séance.

CARREFOUR SOUFFRE, VIVENDI BRILLE

Après avoir mis en oeuvre il y a quelques jours des droits de douane portant sur 34 milliards de dollars de produits chinois, les Etats-Unis ont publié mardi soir une nouvelle liste d'importations en provenance de Chine pouvant être taxées, représentant cette fois 200 milliards de dollars.

La menace a jeté un froid sur l'ensemble des marchés financiers. La Chine n'a pour l'instant pas répliqué mais elle a prévenu qu'elle était prête à une guerre commerciale avec Washington si nécessaire.

En Bourse en Europe, la plupart des secteurs ont terminé dans le vert.

Signe que la prudence reste de mise chez les investisseurs, les segments défensifs ont été parmi les plus recherchés, à commencer par la pharmacie, dont l'indice Stoxx a pris 2,06%.

Le compartiment de la distribution,, lui, a réussi à gagner 0,42% malgré un repli de 4,78% pour le belge Colruyt, la plus forte baisse du Stoxx 600, après un abaissement de recommandation par Exane BNP Paribas.

Carrefour a également pesé sur le secteur avec un repli de 2,98%, le plus marqué du CAC 40, alors que les avis pessimistes d'analystes sur les résultats semestriels à venir se succèdent.

A l'opposé, Vivendi a pris 5,44%, la plus nette progression du CAC, après la révision à la hausse par Morgan Stanley de sa prévision de revenus annuels du streaming pour Universal Music Group (UMG), la pépite du groupe français de médias et de divertissement.

LA BCE NE DIT RIEN DE NEUF

Toujours à Paris, TF1 s'est distingué avec un bond de 4,02%, porté par le relèvement du conseil des analystes de Goldman Sachs à "acheter".

Dans le peloton de tête du SBF 120 figurent également les opérateurs de satellites Eutelsat (+3,36%) et SES (+5,21%) après l'annonce par Eutelsat qu'il s'associait à la proposition d'Intelsat et SES visant à faciliter le déploiement de réseaux de télécommunications mobiles 5G aux Etats-Unis.

Les investisseurs européens attendaient avec une certaine impatience le compte rendu de la dernière réunion monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). On peut y lire que les taux d'intérêt dans la zone euro resteront à leurs niveaux actuels aussi longtemps que nécessaire, ce que les marchés avaient déjà entendu.

Autre non-événement du jour, les chiffres des prix à la consommation aux Etats-Unis en juin, ressortis très proches des attentes, ce qui ne modifie en rien la tendance de fond à un renforcement des pressions inflationnistes susceptible de conforter la Réserve fédérale dans sa politique de relèvement progressif des taux d'intérêt.

Dans ce contexte, le dollar se stabilise face à un panier de référence et le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans varie peu, autour de 2,853%.

L'attention des marchés se tourne désormais vers une nouvelle saison de résultats trimestriels d'entreprises dont JPMorgan Chase, Citigroup et Wells Fargo donneront vendredi le véritable coup d'envoi.

(Édité par Bertrand Boucey)