Les actions repartent, l'inflation US et la BCE dans le viseur

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes relèvent la tête jeudi à mi-séance et Wall Street devrait faire de même, les investisseurs saisissant les opportunités d'achat offertes par le net repli de la veille provoqué par la menace américaine d'ériger de nouvelles barrières douanières face aux produits chinois.

À Paris, le CAC 40 prend 0,67% à 5.389,56 points vers 10h55 GMT. À Francfort, le Dax gagne 0,6% et à Londres, le FTSE progresse de 0,77%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 avance de 0,67%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,53% et le Stoxx 600 de 0,64%.

Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en hausse de 0,4% à 0,7%.

Ce rebond des indices européens, qui ont perdu entre 1,3% et 1,5% mercredi, s'inscrit dans la foulée de celui observé en Asie, où la Bourse de Shanghai a repris 2,18% et l'indice Nikkei à Tokyo 1,17%.

Après avoir mis en oeuvre il y a quelques jours des droits de douane portant sur 34 milliards de dollars de produits chinois, les Etats-Unis ont publié mercredi une nouvelle liste d'importations en provenance de Chine pouvant être taxées, représentant cette fois 200 milliards de dollars.

La menace a jeté un froid sur l'ensemble des marchés financiers. La Chine n'a pour l'instant pas répliqué mais elle a prévenu qu'elle était prête à une guerre commerciale avec Washington si nécessaire.

CARREFOUR SOUFFRE

En Bourse en Europe, tous les secteurs évoluent dans le vert à l'exception de l'immobilier (-0,08%) et de l'énergie(-0,11%).

Le compartiment de la distribution,, lui, est à l'équilibre, pénalisé notamment par le belge Colruyt, qui abandonne 5,67%, la plus forte baisse du Stoxx 600, après un abaissement de recommandation par Exane BNP Paribas.

Carrefour pèse également sur le secteur avec un repli de 3,02%, le plus marqué du CAC 40, alors que les avis d'analystes pessimistes sur les résultats semestriels à venir se succèdent.

La tendance à la stabilisation est nette du côté des matières premières, qui avaient chuté mercredi avec le regain de tensions commerciales; leur indice Stoxx reprend 0,69%.

Le cours du cuivre (+0,79%) s'éloigne ainsi d'un creux de près d'un an et le baril de Brent regagne plus de 1% à 74,42 dollars après être tombé de plus de 78 dollars à 73 dollars sur la seule séance de mercredi soit une chute de près de 7%.

Signe que la prudence reste de mise chez les investisseurs, certains des segments les plus défensifs figurent parmi les plus recherchés, à l'image de la pharmacie, qui gagne plus de 1%.

Du côté des valeurs individuelles, TF1 se distingue à Paris avec un bond de 5,29%, la plus forte hausse du SBF 120, porté par le relèvement du conseil des analystes de Goldman Sachs à "acheter".

L'INFLATION AMÉRICAINE ET LA BCE À SUIVRE

Sur le marché des changes, l'"indice dollar", qui mesure l'évolution du billet vert face à un panier de devises de référence, se stabilise après avoir nettement progressé la veille à la suite de l'annonce d'une hausse plus forte que prévu des prix à la production aux Etats-Unis.

Les cambistes surveilleront donc avec attention la publication, prévue à 12h30 GMT, des chiffres prix à la consommation américains pour le mois de juin.

Auparavant, ils auront pris connaissance à 11h30 GMT du compte rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne, très attendu par les investisseurs alors que les responsables de la BCE apparaissent divisés sur le calendrier d'une première hausse de taux.

"Le compte rendu de la réunion de la BCE du 14 juin sera suivi avec attention pour détecter des indications quant à la prochaine hausse de taux, bien qu'il soit peu probable d'avoir plus d'éclaircissements par rapport à ce que Mario Draghi a déjà dit lors de sa conférence de presse", soulignent les économistes de Société générale.

En attendant les signaux qu'enverra la BCE, L'euro évolue sans grand changement, autour de 1,1670 dollar, et le rendement du Bund allemand à dix ans varie peu lui aussi, à 0,314%.

L'évolution est plus marquée pour le rendement des Treasuries à dix ans, qui reprend plus de deux points de base à 2,8674% après son net repli de mercredi, le regain de craintes sur le commerce international ayant favorisé la demande pour une adjudication de 22 milliards de dollars sur cette échéance.

(Édité par Marc Angrand)