Les actions et les taux baissent, les tensions persistent

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes ont fini mardi dans le rouge dans un contexte de marché marqué par les tensions commerciales, les interrogations sur les politiques monétaires des grandes banques centrales et le recul des rendements obligataires après l'annonce d'un ralentissement de l'inflation dans la zone euro.

À Paris, le CAC 40 a perdu 0,50% à 5.501,66 points. Le Footsie britannique a reculé de 0,54% et le Dax allemand de 0,88%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,69%, le FTSEurofirst 300 et le Stoxx 600 abandonnant chacun 0,73%.

Les indices européens ont creusé leurs pertes en fin de séance dans le sillage de Wall Street, où le Dow Jones et le Standard & Poor's perdent plus de 1% après avoir enfoncé chacun leur moyenne mobile à 200 jours.

Signe d'une certaine nervosité sur les marchés d'actions, l'indice mesurant la volatilité implicite de l'EuroStoxx 50 a pris près de 7% et son homologue rattaché au S&P 500 gagne plus de 10%.

En Europe, la plupart des secteurs ont fini en territoire négatif, à commencer par les banques dont l'indice Stoxx a perdu 1,36% sur fond de net repli des rendements des emprunts d'Etat des deux côtés de l'Atlantique après l'annonce d'une baisse inattendue de l'inflation dans la zone euro au mois d'avril.

Ce recul des prix vient s'ajouter à une série d'indicateurs macroéconomiques décevants alimentant les doutes sur la capacité de la Banque centrale européenne (BCE) à commencer de normaliser sa politique monétaire dès cette année.

LES TAUX RECULENT

Le taux du Bund allemand à 10 ans a perdu quatre points de base pour redescendre autour de 0,53%. Le rendement de son homologue américain suit le mouvement (-3 points de base à 2,94%) après avoir creusé ses pertes à la suite de l'annonce d'un fléchissement plus marqué que prévu de la croissance du secteur tertiaire aux Etats-Unis en avril.

Le 10 ans américain, taux long de référence, avait franchi la semaine dernière le seuil symbolique de 3% pour la première fois depuis début 2014.

Sur le marché des changes, l'euro progresse légèrement face au dollar, autour de 1,196, ayant réduit ses gains après les chiffres de l'inflation dans l'union monétaire.

Sur le front diplomatique, une délégation américaine est arrivée à Pékin pour deux jours de négociations sur les relations commerciales entre les deux premières économies du monde mais Washington a déjà annoncé que ses représentants repartiraient dès vendredi, ce qui laisse peu de place pour de réelles avancées.

Du côté de la politique monétaire, les investisseurs digèrent toujours les annonces faites mercredi par la Réserve fédérale, qui n'a pas touché à ses taux mais a infléchi son discours sur l'inflation d'une manière ouvrant la porte à diverses interprétations.

Pour les économistes de Société générale, le changement de ton de la Fed paraît destiné à minimiser le risque d'une accélération des prix qui conduirait la banque centrale américaine à durcir sa politique.

"En fait, nous avons été frappés par le fait qu'autant les opérateurs de marché se sont inquiétés récemment d'une hausse de l'inflation, autant la Fed semble plutôt optimiste sur les perspectives de hausse des prix", commentent-ils.

Les indicateurs récents suggèrent pourtant que l'inflation se réveille aux Etats-Unis et les investisseurs étudieront avec une grande attention le rapport de vendredi sur l'emploi, en particulier sa composante sur l'évolution du salaire horaire moyen.

VEOLIA GRIMPE, SOLVAY PLONGE

La séance en Europe a par ailleurs été animée par une nouvelle salve de résultats d'entreprises. En tête du Stoxx 600, le fabricant suisse de souris et claviers pour ordinateurs Logitech a bondi de 6,50% après avoir fait état de résultats meilleurs que prévu au titre du quatrième trimestre de son exercice.

Lagardère (+2,61%) a profité pour sa part d'un relèvement du conseil des analystes de Barclays, qui se montrent optimistes sur le recentrage en cours du groupe sur l'édition et la distribution spécialisée ("travel retail").

En tête du CAC 40, Veolia a grimpé de 2,61% après avoir annoncé une accélération de sa croissance au premier trimestre 2018 et s'être dit très confiant pour le reste de l'année.

A l'opposé, la plus forte baisse de l'indice parisien est pour Solvay, qui a perdu 5,73% après des résultats mal accueillis.

Lanterne rouge du Stoxx 600, le belge Bpost a décroché de 13,07% après des trimestriels inférieurs aux attentes, affectés notamment par une hausse des coûts.

A Francfort, le repli le plus marqué du Dax revient à Adidas, qui a perdu 6,81% après avoir tempéré l'effet positif attendu du prochain Mondial sur ses ventes du trimestre en cours.

Sur le front du pétrole, les cours du brut sont repartis à la baisse, la hausse des stocks et de la production aux Etats-Unis alimentant les craintes sur la surabondance de l'offre mondiale.

(Édité par Véronique Tison)