Les actions et le dollar dans le rouge, le doute s'installe

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en légère baisse mercredi tandis que Wall Street et le dollar marquaient le pas face aux doutes sur la capacité du Congrès américain à adopter rapidement et sans l'affaiblir le projet de réforme fiscale dévoilé la semaine dernière par Donald Trump.

Ces interrogations, et leurs implications en matière de croissance économique, favorisent parallèlement la baisse des rendements obligataires.

À Paris, le CAC 40 a fini sur un recul de 0,17% (9,21 points) à 5.471,43 points, affichant trois clôtures négatives d'affilée pour la première fois depuis quatre semaines.

A Francfort, le Dax affiche en clôture une hausse symbolique de 0,02% après avoir passé la majeure partie de la séance en territoire négatif. L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,1%, le FTSEurofirst 300 0,03% et le Stoxx 600 0,05%.

Londres s'est distinguée, le FTSE 100 gagnant 0,22% grâce à la hausse des minières après les chiffres mensuels du commerce extérieur chinois et à la baisse de la livre sterling sur fond de nouvelles difficultés politiques pour la Première ministre britannique, Theresa May.

L'indice mondial MSCI est lui aussi en légère hausse, soutenu entre autres par les statistiques chinoises.

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait en baisse, le Dow Jones abandonnant 0,11% et le Standard & Poor's 500 0,1% tandis que le Nasdaq Composite était pratiquement stable.

Sur le marché des devises, le dollar cède quelques fractions face à un panier de devises de référence. La devise américaine souffre des craintes de voir le projet de réforme fiscale de la Maison blanche retardé ou considérablement amendé alors que la perspective d'allégements d'impôts massifs pour les entreprises et les particuliers a été l'un des principaux moteurs de la hausse des marchés depuis l'élection de Donald Trump il y a un an jour pour jour.

Selon le Washington Post, la réduction de 35% à 20% du taux de l'impôt sur les sociétés pourrait ainsi être décalé d'un an et la diminution du nombre de tranches de l'impôt sur le revenu pourrait être remise en cause.

Le "speaker" de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a reconnu mercredi sur Fox News que la discussion du projet était "un processus long".

Le billet vert est par ailleurs pénalisé par l'aplatissement de la courbe des taux, le spread entre les rendements des bons du Trésor (Treasuries) à deux et dix ans évoluant à son plus bas niveau depuis dix ans.

Les emprunts d'Etat de la zone euro suivent le mouvement: passé en séance sous 0,32%, le rendement à dix ans allemand est au plus bas depuis deux mois. Ce repli s'explique à la fois par les doutes sur la réforme fiscale américaine et sur l'évolution à long terme de l'inflation, expliquent des analystes.

CRÉDIT AGRICOLE SOUFFRE, UBISOFT AU PLUS HAUT

Sur les marchés actions européens, la plus forte baisse sectorielle a touché le secteur automobile (-1,31%), après la présentation par la Commission européenne de ses propositions de réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2) des véhicules.

Les financières, si elles ont repris un peu de terrain en fin de séance, ont quant à elles souffert à la fois de l'aplatissement confirmé de la courbe des rendements, synonyme de pression sur les marges des activités de crédit, et des résultats jugés décevants de plusieurs grands acteurs du secteur.

L'indice Stoxx européen des banques a fini sur un recul de 0,11% et celui des services financiers en baisse de 0,39%.

Crédit agricole a perdu 3,16%, l'une des plus fortes baisses du CAC, après des résultats trimestriels pénalisés par les activités de marchés et par la banque de détail.

ABN Amro a abandonné 3,47%, le groupe néerlandais ayant expliqué que l'évolution du cadre réglementaire allait se traduire par une nette détérioration de ses ratios de fonds propres.

En dehors du compartiment financier, le chimiste belge Solvay (-3,47%), lanterne rouge du CAC, a été sanctionné après avoir raté le consensus.

Air France-KLM (-3,59%) a poursuivi le repli entamé la semaine dernière après une hausse de 175% en huit mois.

Autre belle performance, celle d'Ahold Delhaize (+5,13%), qui a profité de l'annonce simultanée d'une marge supérieure aux estimations des analystes au troisième trimestre et d'un nouveau programme de rachats d'actions de deux milliards d'euros.

A Paris, Ubisoft (+9,25%), meilleure performance du Stoxx 600, a inscrit un record après des semestriels meilleurs que prévu et le bon démarrage du dernier opus de la saga "Assassin's Creed".

Le pétrole brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) est en baisse, revenant sous 57 dollars le baril après les chiffres hebdomadaires de l'Energy Information Administration (EIA) montrant une hausse inattendue des réserves de brut aux Etats-Unis. Le repli est moins marqué pour le Brent, autour de 63,60 dollars.

(Edité par Juliette Rouillon)