Les actions délaissées sur fond de duel de géants

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes reculent nettement mardi à mi-séance et Wall Street est signalée en baisse prononcée à l'ouverture, le bras de fer entre Washington et Pékin sur le front du commerce créant un vif regain d'aversion pour les actifs risqués au profit des valeurs refuges, emprunts d'Etat en tête.

À Paris, le CAC 40 perd 1,05% à 5.393,45 points vers 10h40 GMT. À Francfort, le Dax cède 1,26% et à Londres, le FTSE recule de 0,44%, un repli limité par le soutien apporté aux valeurs exportatrices par la baisse de la livre sterling.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 0,74%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro 1,08% et le Stoxx 600 0,7%.

Les contrats à terme new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de plus de 1% pour chacun des trois principaux indices.

Trois jours après avoir imposé des droits de douane de 25% sur 50 milliards de dollars d'importations en provenance de Chine, le président américain, Donald Trump, a menacé lundi d'imposer des droits de 10% sur 200 milliards de produits chinois supplémentaires.

Comme vendredi, Pékin a réagi immédiatement, en accusant cette fois Washington de "chantage" et en menaçant de prendre à son tour des mesures "quantitatives" et "qualitatives".

LES MATIÈRES PREMIÈRES SOUFFRENT

Cette nouvelle escalade verbale a eu pour premier effet un net repli des marchés boursiers asiatiques, qui s'est propagé à l'Europe et menace maintenant Wall Street.

"Washington rajoute un coup de pression mais les autorités chinoises ne plient pas", commente l'analyste David Madden (CMC Markets). "Les investisseurs prennent peur et les acheteurs resteront rares jusqu'à ce que les tensions s'apaisent."

En Europe, les secteurs les plus exposés à la montée des barrières commerciales accusent les replis les plus marqués: le compartiment des matières premières recule de 2,20%, celui des hautes technologies de 1,46%, celui de l'automobile de 1,47%.

A Paris, la quasi-totalité des 40 valeurs du CAC évoluent dans le rouge, les reculs les plus marqués étant pour le fabricant de semi-conducteurs STMicroelectronics (-3,25%) et le sidérurgiste ArcelorMittal (-3,15%).

Parmi les rares valeurs en hausse au sein du SBF 120, Air France-KLM gagne 2,56% après la suspension par l'intersyndicale de la filiale Air France de l'appel à la grève du 23 au 26 juin.

La plus forte hausse de l'indice large parisien est pour Nexity qui grimpe de 7,82% après avoir présenté ses objectifs financiers à l'horizon 2021 à l'occasion d'une journée investisseurs.

LES RENDEMENTS OBLIGATAIRES RECULENT

Sur le marché des changes, le dollar gagne 0,38% face à un panier de devises de référence mais cède 0,65% face au yen, la devise japonaise profitant de son statut de valeur refuge.

L'euro se replie autour de 1,1550 dollar (-0,65%), un recul favorisé par les propos du président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, promettant la patience avant la hausse des taux face aux incertitudes et à une inflation toujours inférieure à son objectif.

L'inquiétude suscitée par la multiplication des signes de tension entre les deux premières économies mondiales favorise logiquement le repli sur les emprunts d'Etat: le rendement des bons du Trésor américain à dix ans recule de près de cinq points autour de 2,88% et son équivalent allemand, revenu à 0,365%.

L'or, lui, est l'une des rares matières premières en hausse, autour de 1.280 dollars l'once.

Le marché pétrolier est en net repli, le baril de Brent abandonnant 0,58% pour redescendre sous 75 dollars.

Les tensions commerciales s'ajoutent aux spéculations sur une possible augmentation de la production des pays de l'"Opep+", le groupe informel formé par le cartel et plusieurs de ses alliés dont la Russie, qui se réunit vendredi à Vienne.

(Édité par Marc Angrand)