L'EI reconquiert la ville syrienne d'Albou Kamal

AMMAN (Reuters) - Les combattants de l'organisation djihadiste Etat islamique (EI) ont repris lundi le contrôle de la ville syrienne d'Albou Kamal, leur dernière place forte dans le pays, les forces pro-gouvernementales qui l'avaient conquise en milieu de semaine dernière ayant été prises au piège et contraintes à battre en retraite.

Selon des habitants et des observateurs, des combattants du Hezbollah libanais, alliés à des combattantes chiites irakiens, ont été surpris par des djihadistes qui étaient restés en embuscade dans des tunnels creusés au coeur de la ville, qu'ils disaient avoir reprise mercredi. [

La chute de cette ville avait été présentée jeudi par le régime syrien comme le signe de sa victoire sur l'EI.

Le Hezbollah ainsi que des Unités de mobilisation populaire, puissante milice chiite irakienne armée et entraînée par l'Iran, avaient lancé une offensive terrestre sur Albou Kamal, située dans la province orientale de Daïr Az Zour, après des mois d'intenses bombardements russes sur ville, qui ont tué des dizaines de civils et provoqué des dégâts importants.

"Des djihadistes de l'Etat islamique ont lancé des attaques surprises avec des attentats suicide et des tirs de roquette après que les milices iraniennes ont été portées à croire que Daech (autre nom de l'EI) avait quitté la ville", a déclaré Kahtan Ghanam Ali, un chef de tribu.

L'armée syrienne n'a pas fait état de la perte d'Albou Kamal, mais le service de presse du Hezbollah a déclaré que des raids aériens intenses avaient visé des repaires de l'EI dans des zones rurales à l'ouest de la ville.

Dimanche, des avions sans doute russes ont mené un troisième jour de bombardement contre Albou Kamal et ses environs, et au moins 50 civils, essentiellement des femmes et des enfants, sont morts depuis vendredi, ont rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et des habitants.

Les milices iraniennes qui ont dû se retirer de la ville ont, en guise de représailles, bombardé des villages situés à l'est d'Albou Kamal, où des centaines de familles avaient trouvé un refuge temporaire, a dit l'OSDH, organisation basée à Londres qui rend compte du conflit en Syrie.

Lors d'un bombardement aérien sur la ville de Soukariya, au moins 30 personnes ont été tuées, essentiellement des femmes et des enfants de trois familles, ont dit d'anciens habitants en lien avec leurs proches.

(Suleiman Al-Khalidi; Benoit Van Overstraeten et Eric Faye pour le service français)