L'Egypte accuse les Frères musulmans du meurtre d'un procureur

LE CAIRE (Reuters) - Les autorités égyptiennes ont imputé dimanche aux Frères musulmans et au Hamas palestinien l'assassinat l'an dernier du procureur Hicham Barakat et annoncé que 14 suspects étaient passés aux aveux. Le magistrat, qui était âgé de 64 ans, a été victime d'un attentat à la voiture piégée en juin 2015 au Caire. Il est le plus haut dépositaire de l'autorité publique à avoir été tué depuis le renversement du président islamiste Mohamed Morsi à l'été 2013. L'assassinat n'a pas été revendiqué. Au cours d'une conférence de presse, le ministre égyptien de l'Intérieur, Magdi Abdel Ghaffar, a déclaré que le meurtre avait été commandité par des membres de la confrérie islamiste exilés en Turquie, dont Yehia Moussa, porte-parole du ministère de la Santé sous la présidence Morsi, et commis en coordination avec le Hamas. Le mouvement de la résistance islamique qui contrôle la bande de Gaza a entraîné les auteurs de l'attentat et fourni des explosifs, a-t-il précisé. Les autorités égyptiens ont arrêté au total 48 membres d'une "cellule" des Frères musulmans visant à déstabiliser le pays, dont 14, a-t-il dit, ont avoué leur participation à l'assassinat du procureur Barakat. "C'est un très gros complot qui a débuté il y a longtemps et s'est poursuivi", a dit le ministre. Des extraits vidéo des aveux des suspects ont été diffusés par ses services. L'agence officielle de presse Mena et une source judiciaire avaient auparavant fait état de six arrestations dans le cadre de l'enquête. Les Frères musulmans ont rejeté en bloc les accusations du gouvernement égyptien. "Vous êtes le véritable complot contre l'Egypte. Vous êtes les meurtriers. Cherchez parmi vous les assassins du procureur", a réagi le porte-parole de la confrérie, Mohamed Montaser, dans un communiqué. Ces accusations ont été également démenties par Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas, qui a dénoncé des charges erronées et infondées. (Amina Ismail, Ahmed Aboulenein et Haitham Ahmed avec Nidal Al Mughrabi à Gaza; Henri-Pierre André pour le service français)