MH17: le rapport conclut à un missile de fabrication russe

Dans son rapport définitif dont Moscou conteste l'objectivité, le Bureau néerlandais de sécurité aérienne affirme que l'avion effectuant le vol MH17 de Malaysia Airlines abattu en juillet 2014 au-dessus de l'est de l'Ukraine a été détruit par un missile sol-air Bouk de fabrication russe. /Photo prise le 13 octobre 2015/REUTERS/Michael Kooren

par Toby Sterling GILZE-RIJEN, Pays-Bas (Reuters) - L'avion effectuant le vol MH17 de Malaysia Airlines abattu en juillet 2014 au-dessus de l'est de l'Ukraine a été détruit par un missile sol-air Bouk de fabrication russe, affirme le Bureau néerlandais de sécurité aérienne dans son rapport définitif dont Moscou conteste l'objectivité. L'avion qui devait assurer la liaison entre Amsterdam et Kuala Lumpur a été abattu le 17 juillet de l'année dernière avec 298 personnes à son bord. Il s'est écrasé dans l'est de l'Ukraine, dans une zone contrôlée par les séparatistes prorusses. Il n'y a eu aucun survivant. Le rapport publié mardi précise que le tir a été effectué depuis l'est de l'Ukraine mais ne dit pas qui en est à l'origine. "Une ogive de type 9N314M a explosé à l'extérieur de l'appareil, sur le flanc gauche du cockpit. Cela coïncide avec le genre d'ogives dont sont dotés les système de missile sol-air Bouk", a déclaré le président du Bureau de sécurité, Tjibbe Joustra, présentant le rapport à la presse à la base aérienne de Gilzen-Rijen où ont été transférés les morceaux de l'avion récupérés au sol. Il a précisé que les autorités russes avaient contesté les conclusions des enquêteurs néerlandais sur le type de projectile à l'origine de la catastrophe aérienne. A Moscou, l'agence RIA indique en outre que les autorités russes estiment que rien ne permet de dire aux enquêteurs du Bureau néerlandais de sécurité que le missile a été tiré depuis une région contrôlée par les séparatistes. Cité par l'agence, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a dénoncé un rapport "biaisé" répondant à des "directives politiques". L'ENQUÊTE PÉNALE NE SERA PAS ACHEVÉE CETTE ANNÉE A Kiev, le gouvernement ukrainien a déclaré que l'avion avait été abattu par les forces spéciales russes. S'exprimant quelques minutes avant la publication du rapport des enquêteurs néerlandais, le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a déclaré qu'il ne faisait aucun doute à ses yeux que l'avion avait été détruit par des éléments des forces spéciales russes. "A notre avis, le tir est parti des territoires contrôlés par les combattants russes et il ne fait aucun doute que les séparatistes (prorusses d'Ukraine) ivres ne sont pas capables de faire fonctionner les systèmes de missile Bouk, ce qui signifie que ce sont des soldats professionnels russes qui opéraient", a-t-il dit lors d'une réunion gouvernementale. Experts et responsables gouvernementaux occidentaux pensent que l'avion a été détruit, peut-être par erreur, par des rebelles qui l'auraient pris pour un avion de l'armée ukrainienne. Moscou, qui dément avoir des troupes en Ukraine, penche pour un tir des forces ukrainiennes, voire une attaque d'un chasseur de l'armée de l'air de Kiev. Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a estimé que le rapport des enquêteurs du Bureau de sécurité constituait une "composante importante" de l'enquête pénale en cours et a appelé les Russes à coopérer pleinement. Il a précisé qu'il faudrait encore de la patience avant que cette enquête pénale aboutisse. Selon les procureurs néerlandais, l'enquête ne sera pas bouclée avant la fin de l'année mais des "personnes d'intérêt" ont été identifiées. Fin juillet, la Russie a opposé son veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité qui aurait institué un tribunal international chargé de déterminer les responsables de la destruction du Boeing. (voir [ID:nL5N10965K]) (avec Jack Stubbs à Moscou et Natalia Zinets à Kiev; Henri-Pierre André pour le service français, édité par Tangi Salaün)