Le Vatican ordonne le procès de cinq personnes

par Gavin Jones ROME (Reuters) - Le Vatican a ordonné samedi le procès de cinq personnes, dont deux journalistes italiens, accusés d'avoir transmis ou publié des documents confidentiels du Saint-Siège. Ce procès, dont la première audience aura lieu mardi matin (09h30 GMT), découle de la publication récente en Italie de deux livres décrivant un Vatican où la volonté réformatrice du pape François se heurte à une vive résistance. Ces ouvrages parus début novembre, intitulés "Via Crucis" de Gianluigi Nuzzi ("Chemin de croix" dans sa version française) et "Avarizia" d'Emiliano Fittipaldi, ont embarrassé et agacé le siège de l'Eglise catholique, qui a estimé que ces informations auraient dû rester entre les murs du Saint-Siège. Ces fuites constituent l'un des plus grands scandales internes auxquels doit faire face François depuis son élection en mars 2013 et rappellent le scandale "Vatileaks" qui avait précédé la démission de son prédécesseur Benoît XVI. La presse italienne parle d'ailleurs de "Vatileaks II". Selon les procureurs, trois responsables du Vatican ont formé une "association criminelle organisée" avec l'objectif de "divulguer des informations et des documents concernant les intérêts fondamentaux du Saint-Siège et de l'Etat". Deux d'entre eux avaient été arrêtés au début du mois. Il s'agit de Mgr Lucio Angel Vallejo Balda, un Espagnol de 54 ans qui est le secrétaire - numéro deux - de la préfecture des affaires économiques du Saint-Siège, et d'une laïque italienne, Francesca Chaouqui, spécialiste en relations publiques, qui a été relâchée par la suite après avoir accepté de coopérer. Mgr Vallejo Balda et Francesca Chaouqui appartiennent tous deux à la commission mise en place en 2013 par le pape François, peu après son élection, pour réfléchir à une réforme de la Curie, l'administration vaticane. Cette commission a achevé son travail l'an dernier et a remis son rapport au pape. Le troisième individu mis en cause est Nicola Maio, un assistant de Mgr Vallejo Balda. Les deux journalistes italiens Gianluigi Nuzzi et Emiliano Fittipaldi seront jugés pour avoir tous les deux "exercé des pressions, en particulier sur Vallejo Balda, afin d'obtenir des documents et des informations secrets", dit le tribunal du Vatican. Gianluigi Nuzzi a déclaré samedi à Reuters qu'il n'avait "jamais fait pression sur quiconque" et qu'il discutait avec ses avocats de l'opportunité d'être présent à l'audience de mardi. Ses avocats lui ont dit qu'il risquait quatre à huit ans de prison. "La Constitution italienne garantit le droit à l'information et à l'expression mais le Vatican est un Etat sans droit à l'information", a-t-il expliqué. "S'ils pensent me faire taire, ils n'emploient pas la bonne méthode parce qu'après moi, d'autres journalistes relateront les faits et l'information ne s'arrêtera pas." (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)