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Le Sénat taxé de "régression" sur la prostitution

Le rétablissement par la droite sénatoriale du délit de racolage et la suppression de la pénalisation des clients de prostituées suscite une vague de protestations, notamment de la part des socialistes qui dénoncent une régression. /Photo d'archives/REUTERS/Eric Gaillard

PARIS (Reuters) - Le rétablissement par la droite sénatoriale du délit de racolage et la suppression de la pénalisation des clients de prostituées suscite une vague de protestations, notamment de la part des socialistes qui dénoncent une régression. Le 4 décembre 2013, les députés avaient adopté en première lecture une proposition de loi du groupe socialiste qui supprimait le délit de racolage et sanctionnait les clients de prostituées d'un amende de 1.500 euros. Le Sénat, où la droite est redevenue majoritaire en septembre dernier, l'a votée mardi matin par 165 voix contre 44 en rétablissant, notamment, le délit de racolage. L'association féministe "les efFronté-e-s" a accusé le Sénat de vouloir "criminaliser les personnes prostituées via le délit de racolage passif et de déresponsabiliser totalement les clients prostitueurs". Le Mouvement du Nid, qui prône l'abolition de la prostitution, a qualifié le choix du Sénat de "réac', déshonorant et irresponsable". Le Parti socialiste s'insurge pour sa part contre une "régression scandaleuse". "Le Sénat vient ainsi de voter, poussé par une logique sociale obtuse, un texte régressif. Loin d'apporter la moindre réponse aux problèmes de la prostitution, il les renforce", ajoute le PS dans son communiqué. L'Assemblée devrait procéder en juin ou en juillet, pendant la session extraordinaire du Parlement, à la seconde lecture de cette proposition de loi. Les députés rétabliront le texte tel qu'ils l'avaient voté en décembre 2013 avant que le Sénat ne procède à son tour à une seconde lecture en le modifiant à nouveau. L'Assemblée, qui a constitutionnellement le dernier mot, procédera ensuite à la lecture définitive du texte, au terme d'un long et tumultueux parcours parlementaire. Selon un rapport de la commission spéciale de l'Assemblée chargée d'examiner cette proposition de loi, quelque 20.000 personnes se prostituent en France dont 85% de femmes, le taux d'étrangères étant désormais de 90%, la plupart venant de Roumanie, de Bulgarie, du Nigeria et de Chine. Plusieurs pays pénalisent le recours à la prostitution comme l'Islande, la Norvège et la Suède. D'autres, comme la Grande-Bretagne et la Finlande, pénalisent les clients de prostituées victimes d'exploitation. (Emile Picy, édité par Sophie Louet)