Le Soudan du Sud refuse que l'Onu dirige une force régionale

JUBA (Reuters - Le Soudan du Sud s'oppose à ce que des troupes étrangères appelées à être déployées sur son sol soient placées sous commandement des Nations unies, ce que souhaitent plusieurs pays occidentaux et des pays de la région dans l'espoir d'éviter que les violences dans le pays ne dégénèrent en nouvelle guerre civile. Le gouvernement sud-soudanais a annoncé la semaine dernière qu'il acceptait le déploiement de troupes africaines à Juba pour s'interposer dans le conflit entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar. Mais mercredi, le ministre de l'Information, Michael Makuei, a déclaré que la force régionale devait être indépendante et non placée sous commandement de l'Onu, en reprochant aux Etats-Unis de vouloir forcer la main au gouvernement. "Nous ne voulons pas que la force de protection soit sous le commandement de la Minuss", a-t-il dit, accusant la Mission des Nations unies au Soudan du Sud, actuellement forte de 12.000 soldats, de pas assurer la protection des civils. Il a ajouté que la proposition américaine qui vise à dépêcher à Juba une force supplémentaire de 4.000 soldats pour assurer le maintien de la paix avait pour objectif réel de "transformer le Soudan du Sud en protectorat". La proposition de Washington, en cours de discussion au Conseil de sécurité de l'Onu, prévoit un embargo sur les armes en cas de refus de Juba. "Il y a une division nette au sein (du Conseil de sécurité de l'Onu) entre ceux qui insistent sur la souveraineté avant tout et ceux qui veulent être certains qu'il y aura une force de protection solide", explique-t-on de source diplomatique haut placée au Conseil. Indépendant depuis 2011, le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile deux ans plus tard après la mise à l'écart de Riek Machar. Le conflit a fait des milliers de morts et des millions de déplacés jusqu'à la mise en place d'un cessez-le-feu en 2015. Cette trêve est régulièrement violée depuis. Les violences du mois dernier ont fait plus de 270 morts et poussé 60.000 personnes à fuir le pays. Riek Machar a indiqué qu'il ne rentrerait à Juba, où un gouvernement d'union a été mis en place, que si une force d'interposition internationale était déployée dans la capitale. (Denis Dumo, Tangi Salaün et Marc Angrand pour le service français)