Remaniement de l'état-major nord-coréen avant le sommet Trump-Kim

Les trois plus hauts gradés de l'état-major nord-coréens ont été limogés et remplacés, a-t-on appris dimanche de source américaine. /Photo prise le 24 avril 2018/REUTERS/Kim Hong-Ji

par Josh Smith et John Walcott

SEOUL/WASHINGTON (Reuters) - Les trois plus hauts gradés de l'état-major nord-coréens ont été limogés et remplacés, a-t-on appris de source américaine, un remaniement qui intervient à quelques jours du sommet annoncé entre Donald Trump et Kim Jong-un le 12 juin à Singapour.

Les motifs de la manoeuvre sont peu clairs mais pour les observateurs, elle devrait permettre à Kim Jong-un et au Parti des travailleurs de Corée, le parti unique, de renforcer leur contrôle de l'Armée populaire de Corée (KPA) à un moment critique dans l'évolution du pays.

"Si Kim Jong-un veut faire la paix avec les Etats-Unis et la Corée du Sud et négocier une sortie au moins partielle du programme nucléaire, il va falloir qu'il limite l'influence de l'armée", commente Ken Gause, directeur du groupe affaires internationales à CNA, un institut de recherche et d'analyses.

"Ce remaniement a placé au premier plan les officiers qui sont justement capables de faire ça. Ils sont fidèles à Kim Jong-un et à personne d'autre", ajoute-t-il.

Les Etats-Unis veulent obtenir la dénucléarisation de la Corée du Nord, promettant en retour de lever les sanctions économiques et d'apporter la prospérité au pays.

Les responsables américains sont convaincus qu'il existe des dissensions au sein de l'armée à propos des discussions engagées par Pyongyang avec Séoul et Washington.

Le haut responsable américain, qui s'exprimait dimanche soir sous le sceau de l'anonymat, commentait une dépêche de l'agence de presse sud-coréenne Yonhap faisant état de rumeurs évoquant le remplacement des trois militaires.

Selon Yonhap, les trois hommes limogés sont Pak Yong-sik chargé de diriger la défense, Ri Myong-su, chef de l'armée populaire et Kim Jong-gak, directeur du bureau politique de l'armée populaire.

"ILS SAVENT SE TENIR"

Citant un responsable des services secrets, l'agence sud-coréenne affirme que No Kwang-chol, premier vice-ministre des Forces armées populaires, a remplacé Pak Yong-sik à la direction de la Défense tandis que Ri Myong-su a été remplacé par son adjoint, Ri Yong-gil.

Selon les médias officiels nord-coréens, Kim Jong-gak a été remplacé par le général Kim Su-gil à la tête du bureau politique.

Les ministères sud-coréens de l'Unification et de la Défense ont refusé de commenter ces informations.

Le ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Kan Kyung-hwa, s'est entretenu lundi pendant un quart d'heure au téléphone avec le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, à propos du sommet de Singapour.

Selon Yonhap, les trois promus sont plus jeunes que leur prédécesseurs, en particulier Ri Yong-gil, qui a 63 ans et 21 ans de moins que Ri Myong-su.

Leur promotion pourrait être liée à la volonté de Kim Jong-un de donner à l'armée un rôle clé dans de grands projets d'infrastructures.

Le général Kim Su-gil a ainsi été vu accompagnant le dirigeant nord-coréen lors d'une récente visite dans une zone balnéaire touristique.

"Cela veut dire deux choses: que Kim Jong-un consolide son pouvoir et que le Parti au pouvoir et l'armée travaillent de plus en plus étroitement pour oeuvrer au développement économique", estime Yang Moo-ji, qui enseigne à l'université des études nord-coréennes à Séoul.

"Ils sont jeunes, mais ils sont compétents", a-t-il ajouté.

Tous les trois ont fait partie de délégations envoyées à l'étranger, alors que le pays prépare des rencontres avec les Etats-Unis, la Chine, la Russie et peut-être la Syrie.

"Ils leur donnent une promotion parce qu'il va y avoir beaucoup d'interaction avec l'étranger", déclare Michel Madden, du site 38 North de l'université Johns-Hopkins à Baltimore.

"Ils savent se tenir et ne pas trop boire dans les soirées."

(Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)