Le retour des tensions commerciales plombe la fin de semaine

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en net repli vendredi après le lancement par Donald Trump d'une nouvelle offensive douanière contre les exportations en provenance de Chine à laquelle Pékin a promis de répliquer, un regain de tension qui réveille l'aversion au risque sur les marchés.

À Paris, le CAC 40 a fini en baisse de 0,48% (26,58 points) à 5.501,88 points. A Londres, le FTSE 100 a perdu 1,7% et à Francfort, le Dax a reculé de 0,74%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,63%, le FTSEurofirst 300 0,82% et le Stoxx 600 0,99%.

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans le rouge, le Dow Jones perdant 0,93% et le Nasdaq Composite 0,47%.

Une heure environ avant l'ouverture des marchés américains, le président Donald Trump a annoncé l'instauration de droits de douane de 25% sur 50 milliards de dollars (43 milliards d'euros environ) d'importations en provenance de Chine. Pékin a riposté en promettant des mesures de rétorsion d'une portée comparable, tout en assurant ne pas vouloir d'une guerre commerciale.

"Les droits de douane que les Etats-Unis sont désormais sur le point d'imposer et les représailles à venir de la Chine vont encore freiner la croissance et le sentiment général", regrette Louis Kujis, économiste d'Oxford Economics.

"Nous ne prévoyons pas une forte décélération de la croissance chinoise mais cette fois-ci, à la différence des épisodes précédents, la politique macroéconomique chinoise n'assurera qu'un soutien limité aux pressions à la baisse sur la croissance de la Chine et du monde."

Logiquement, les secteurs les plus touchés par ces perspectives sombres sont ceux des matières premières et de l'énergie, toujours sensibles à la conjoncture chinoise.

Les cours du brut (-3,25% pour le Brent, -3,14% pour le brut léger américain) souffrent aussi d'un mouvement de défiance marqué à une semaine maintenant de la réunion de l'Opep et de ses alliés à Vienne, qui pourrait déboucher sur une augmentation de la production.

L'EURO PERD PLUS DE 1,25% SUR LA SEMAINE FACE AU DOLLAR

L'indice Stoxx européen des ressources de base a perdu 3,27% sur la journée et celui du pétrole et du gaz a reculé de 2,12%.

A Paris, le groupe parapétrolier TechnipFMC (-4,20%) et le sidérurgiste ArcelorMittal (-3,58%) accusent les deux plus fortes baisses du CAC.

Sur le marché des changes, le regain de tension sur le front du commerce international fait reculer le dollar face au yen et l'indice qui mesure l'évolution de la devise américaine face à un panier de référence, recule de 0,07% après avoir atteint en début de journée son plus haut niveau depuis début novembre.

L'euro, lui, reprend 0,43% aux dépens du billet vert à 1,1617 dollar, profitant d'achats à bon compte et d'opérations de couverture après sa chute de la veille (-1,88%) en réaction aux annonces de la Banque centrale européenne (BCE) sur sa volonté de laisser les taux d'intérêt inchangés au moins jusqu'à la fin de l'été 2019.

La décision de Washington se traduit aussi par un repli sur les emprunts d'Etat et donc par une baisse des rendements: celui des bons du Trésor américain à dix ans revient à 2,918% contre plus de 2,93% en début de journée aux Etats-Unis et son équivalent allemand est repassé tout près de 0,4%, après avoir inscrit en séance un plus bas de 10 jours à 0,376%.

A la hausse côté actions, le spécialiste britannique des moteurs d'avion Rolls-Royce a bondi de 7,61%, le marché saluant les objectifs présentés à l'occasion d'une journée investisseurs.

A Paris, Teleperformance a pris 5,79%, la meilleure performance de l'indice SBF 120 et inscrit un record en séance au lendemain du rachat de l'indien Intelenet.

Sur l'ensemble de la semaine, le CAC 40 affiche une progression de 0,95% et le Stoxx 600 une hausse de 1,04% après trois semaines de repli. L'euro, lui, s'est déprécié de 1,25% en cinq séances face au dollar.

(Édité par Juliette Rouillon)