Le parquet de Lille requiert la relaxe de Dominique Strauss-Kahn

Le parquet de Lille a requis mardi la relaxe de Dominique Strauss-Kahn, jugé depuis plus de deux semaines pour proxénétisme aggravé dans l'affaire dite du "Carlton". /Photo prise le 17 février 2015/REUTERS/Pascal Rossignol

par Pierre Savary LILLE (Reuters) - Le procureur de la République a requis mardi à Lille la "relaxe pure et simple" de Dominique Strauss-Kahn, jugé depuis plus de deux semaines pour proxénétisme aggravé. L'ancien patron du Fonds monétaire international, qui comparaît aux côtés de treize autres prévenus, est soupçonné d'avoir été "l'instigateur" de rencontres avec des prostituées entre 2008 et 2011 à Lille, Paris, Bruxelles et Washington. Il nie avoir été à l'origine des parties fines auxquelles il a participé et dit n'avoir jamais soupçonné la qualité des participantes. "Ni l'information judiciaire, ni l'audience n'ont permis d'établir la preuve de la culpabilité de M. Strauss-Kahn (…) Il appartient au tribunal de condamner sur des preuves et non sur une intime conviction", a déclaré mardi le procureur de la République Frédéric Fèvre. "Notre système judiciaire doit s'enorgueillir de ne jamais condamner quelqu'un au bénéfice du doute. Je requiers donc sa relaxe pure et simple", a-t-il ajouté. Frédéric Fevre s'est dit "troublé" par "l'évocation récurrente des pratiques sexuelles de ce prévenu". "C'est le seul avec qui on est allé aussi loin dans le souci du détail", a-t-il dit. "Sans ce prévenu, cette affaire aurait déjà été traitée depuis longtemps." En juin 2013, le procureur avait requis un non-lieu à son endroit, avant que les juges d'instruction décident un mois plus tard de le renvoyer devant le tribunal correctionnel. L'audition de Dominique Strauss-Kahn, qui a duré deux jours et demi la semaine dernière, n'a guère mis à mal sa ligne de défense. Plusieurs parties civiles ont par ailleurs renoncé lundi à lui réclamer des dommages et intérêts, faute de pouvoir prouver l'infraction de proxénétisme aggravé. "PRATIQUES D'UN GROUPE D'AMIS" Avant la demande de relaxe pour Dominique Strauss-Kahn, le procureur et sa substitut ont passé en revue les treize autres prévenus. Ils ont notamment réclamé deux ans de prison dont un avec sursis et 10.000 euros d'amende à l'encontre de Dominique Alderweireld alias "Dodo la Saumure", gérant de plusieurs "maisons de débauche" en Belgique, qui a déclaré qu'il ferait appel de toute condamnation. Le parquet a par ailleurs réclamé quinze mois de prison avec sursis et 2.000 euros d'amende contre René Kojfer, ex-chargé des relations publiques de deux hôtels lillois, vu comme l'"organisateur" et le "sergent recruteur" de la prostitution de la ville, "avec un portefeuille à la place du coeur". "Ce n'est pas un réseau mafieux de proxénétisme qui a été démantelé, mais les pratiques d'un groupe d'amis pour satisfaire des egos, des plaisirs physiques et chacun misait sur le réussite de l'un d'entre eux", a déclaré mardi Frédéric Fèvre en allusion à l'ancien patron du FMI. Contre chacun des deux proches de "DSK", David Roquet et Fabrice Paszkowski, entrepreneurs qui ont organisé les parties fines auxquelles il a participé, le procureur a requis deux ans de prison avec sursis et 20.000 euros d'amende. Il a en revanche demandé la relaxe au bénéfice du doute du commissaire de police Jean-Christophe Lagarde concernant les faits de proxénétisme qui lui sont reprochés. "Il ment quand il dit qu'il ne savait pas que les filles étaient des prostituées, il ment et son absence de discernement pour un policier est inquiétante mais les éléments sont trop légers pour une condamnation", a-t-il estimé. Les plaidoiries des avocats ont débuté mardi soir et devraient se poursuivre jusqu'à vendredi. Le jugement devrait alors être mis en délibéré. (édité par Chine Labbé)