Le pape François entame au Kenya sa première tournée africaine

Le pape François est arrivé mercredi à Nairobi, où il a été accueilli par le président Uhuru Kenyatta. Le Kenya est la première étape de son voyage de cinq jours en Afrique qui le mènera également en Ouganda et en République centrafricaine. /Photo prise le 25 novembre 2015/REUTERS/Thomas Mukoya

par Philip Pullella et George Obulutsa NAIROBI (Reuters) - Le pape François est arrivé mercredi au Kenya, première étape de son voyage de cinq jours en Afrique qui le mènera également en Ouganda et en République centrafricaine. L'avion transportant le chef de l'Eglise catholique pour sa première tournée africaine s'est posé en milieu d'après-midi à l'aéroport de Nairobi. François célébrera une messe à l'université de Nairobi jeudi, qui a été déclaré fête nationale. Dix mille policiers ont été mobilisés pour assurer la sécurité. Entre le 25 et le 30 novembre, le souverain pontife se rendra au Kenya et en Ouganda, deux pays victimes ces dernières années d'attaques islamistes, ainsi qu'en République centrafricaine où chrétiens et musulmans se déchirent. "Je me rends avec joie au Kenya, en Ouganda et chez nos frères de la République centrafricaine. Espérons que ce voyage portera ses fruits, à la fois spirituels et matériels", a-t-il dit dans l'avion qui le conduisait en Afrique. Plusieurs millions de chrétiens, pas seulement catholiques, devraient accueillir le pape et participer aux différentes messes prévues, ce qui pose des difficultés pour les forces de sécurité des différents pays hôtes. Le pape a balayé avec une plaisanterie les inquiétudes sur sa sécurité. "Pour vous dire la vérité, la seule chose qui m'inquiète ce sont les moustiques ! Avez-vous apporté vos bombes (insecticides) ?", a-t-il dit aux journalistes. L'Eglise catholique comptait 200 millions de fidèles en Afrique selon des estimations de 2012. Ce chiffre devrait plus que doubler pour atteindre 500 millions en 2050. Le président kényan Uhuru Kenyatta est catholique, comme 30% de la population. Le pays compte 45 millions d'habitants. "OUVERTURE ET RÉCONCILIATION" Les attentats commis ces dernières années par les islamistes somaliens d'Al Chabaab ont fait des centaines de morts au Kenya. En 2013, l'attaque d'un centre commercial à Nairobi avait fait 67 morts. "La visite du pape François au Kenya sera centrée sur l'ouverture et la réconciliation en relation avec la tolérance ethnique et religieuse", a déclaré Manoah Esipisu, porte-parole de la présidence kényane. Le pape devrait également aborder la question climatique jeudi au bureau des Nations unies à Nairobi. En Ouganda, où 12.000 policiers doivent être déployés, le pape dira la messe samedi et s'adressera ensuite aux jeunes. Mais l'étape la plus périlleuse sera celle de Bangui, la capitale centrafricaine, les 28 et 29 novembre. Des affrontements entre miliciens musulmans ("Séléka") et chrétiens ("anti-balaka"), y ont fait des dizaines de morts depuis septembre. François doit notamment se rendre dans une mosquée d'un des quartiers les plus dangereux de la ville. La France, dont des soldats restent déployés dans le pays en appui de la force de maintien de la paix des Nations unies, a mis en garde le pape contre les risques qu'il court à Bangui, estimant ne pas être en mesure de garantir totalement sa sécurité et celle des fidèles. Des élections présidentielle et législatives censées tourner la page du conflit qui déchire le pays depuis deux ans doivent se tenir le 27 décembre après avoir été à reportées à plusieurs reprises en raison de la poursuite des violences. Les autorités politiques et religieuses centrafricaines se sont employées à rassurer le Vatican sur les conditions de sécurité dans la capitale, voyant dans cette visite pontificale le moyen d'envoyer un signal de normalisation et de redonner espoir à la population. (Danielle Rouquié, Jean-Stéphane Brosse et Guy Kerivel pour le service français)