Le nombre de détenus repart à la hausse en Europe

La population carcérale en Europe a repris sa tendance à la hausse en 2016, avec une augmentation de 1,4% qui fait suite à deux années de baisse, constate le rapport Space (Statistiques pénales annuelles du Conseil de l’Europe) publié mardi par le Conseil de l’Europe et l’université de Lausanne. /Photo prise le 15 janvier 2018/REUTERS/Stéphane Mahé

STRASBOURG (Reuters) - La population carcérale en Europe a repris sa tendance à la hausse en 2016, avec une augmentation de 1,4% qui fait suite à deux années de baisse, constate le rapport Space (Statistiques pénales annuelles du Conseil de l’Europe) publié mardi par le Conseil de l’Europe et l’université de Lausanne.

Le nombre de condamnés faisant l’objet de mesures probatoires telles que liberté conditionnelle ou bracelet électronique connaît une croissance encore plus forte, de 12,3%.

Plus de 1,6 millions de personnes relevaient de la probation en 2016, soit 100.000 de plus que de détenus. Ce sont les pays ayant les plus forts taux d’incarcération qui affichent aussi les taux de probation les plus élevés.

"Il est permis de se demander si ces mesures sont réellement utilisées comme une alternative à l’emprisonnement ou si elles viennent s’ajouter à l’arsenal des peines", a commenté Marcelo Aebi, professeur de criminologie à l’université de Lausanne et directeur de l’étude.

"Est-ce que la France pourrait gérer un système pénitentiaire avec près de 300.000 détenus ?", s’est-il interrogé, lors d’une conférence de presse à Strasbourg, en additionnant les 174.500 personnes faisant l’objet d’une mesure probatoire en France aux 68.500 détenus recensés.

La population carcérale française augmente de 4,1% en 2016, ce qui inverse la tendance observée depuis 2014 et porte la hausse à 12,1% sur dix ans.

Si Paris reste en dessous de la médiane avec 102,6 détenus pour 100.000 habitants, l’Allemagne a vu baisser les effectifs de ses prisons de 18,4% sur la même période avec désormais 78,4 détenus pour 100.000 habitants, contre 117,1 en moyenne.

La moitié des pays européens ont d'ailleurs vu baisser leur population carcérale depuis 2006.

Les taux de détention les plus faibles sont le privilège de l’Europe du nord et de l’Allemagne, les plus élevés concernent l’Europe de l’Est et la palme de l’inflation carcérale revient à la Turquie.

Sa population carcérale a augmenté de 161% en 10 ans et de 9,5% en 2016 pour atteindre 161 détenus pour 100.000 habitants. Encore les données, arrêtées en septembre 2016, ne tiennent-elles que partiellement compte des milliers de personnes arrêtées après la tentative de coup d’Etat du mois de juillet.

(Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)