Le Grêlé : d'où vient le surnom du tueur en série ?

Soupçonné de plusieurs meurtres et agressions sexuelles, François Vérove s'est suicidé en 2021 après avoir reconnu ses crimes dans une lettre.

François Vendovre, alias "Le Grêlé", sur le plateau de Tout le monde veut prendre sa place en 2019 (Photo : DR/Twitter)

Pendant plus de 35 ans, il aura réussi à échapper aux enquêteurs. Trois ans après sa mort, François Vérove, tueur en série surnommé "Le Grêlé" et auteur d'au moins trois meurtres et quatre viols entre 1986 et 1994, fait de nouveau la une de l'actualité, avec la révélation par Marianne de sa participation en 2019 au jeu télévisé "Tout le monde veut prendre sa place", alors présenté par Nagui.

Avant d'être finalement identifié à la suite de son décès en 2021, François Vérove a donc longtemps été, aux yeux des enquêteurs, "Le Grêlé", cet insaisissable tueur et violeur en série qui avait complètement disparu de la circulation à la fin des années 1990. Mais d'où vient réellement cet étrange surnom ?

Une caractéristique physique signalée par les premiers témoins

Comme l'explique notamment la journaliste Patricia Tourancheau dans une série d'articles sur le sujet publiée par Les Jours, "Le Grêlé" renvoie tout bonnement à une particularité physique relevée dès l'origine de l'affaire par les premiers témoins qui ont décrit le suspect aux forces de l'ordre. Tous avaient en effet remarqué que l'individu avait la peau du visage abîmée.

Il faut ainsi remonter au mois de mai 1986, et plus précisément au viol et au meurtre de la petite Cécile Bloch, 11 ans, survenus le 5 mai dans le XIXe arrondissement de Paris. Après la découverte du corps de la victime au 3e sous-sol d'un immeuble, la police a ainsi rapidement obtenu un premier témoignage du frère aîné de la fillette, qui s'est souvenu avoir croisé un étrange inconnu dans l'ascenseur, ce matin-là.

"Des marques d'acné ou de variole"

"Il me dit bonjour, je le vois de profil arrière, resitue le témoin, cité par Patricia Tourancheau. J’ai pu l’observer le temps de descendre : il a entre 25 et 30 ans, a des cheveux châtains courts avec une mèche sur le front. Il doit mesurer environ 1,85 mètre car il était plus grand que moi qui fait 1,75 mètre. Il est de corpulence moyenne. (...) Il a une peau irrégulière avec des marques d’acné ou de variole."

La description physique va ensuite être confirmée par les parents de la victime et six autres voisins ayant tous croisé l'individu le même matin, sans qu'aucun ne sache de qui il s'agit. Un premier portrait-robot est dessiné à partir des différents témoignages. Les caractéristiques connues du visage du suspect sont cependant assez communes, en dehors de ce détail mentionné par tous les témoins, cette "vilaine peau".

Introuvable, le tueur gagne un surnom

Malheureusement pour l'avancée de l'enquête, cette spécificité n'est pas la plus évidente à illustrer sur un portrait-robot. "C’est difficile sur un dessin pour grêler sans vraiment montrer des trous, explique l'inspecteur Jean-Louis Huesca, l'un des inspecteurs en charge de l'enquête à l'époque. J’ai toujours pensé qu’il avait une peau plus acnéique avec des petites cicatrices que des marques creusées de variole."

La particularité physique du suspect est cependant mentionnée dans la presse, qui signale en diffusant le portrait robot du suspect, que celui-ci a "la peau grêlée". Au fil des semaines, alors que les enquêteurs font chou blanc pour le retrouver, le suspect devient progressivement le "tueur au visage grêlé", puis plus simplement "Le Grêlé".

Quelques jours après le meurtre de Cécile Bloch, un premier portrait-robot du
Quelques jours après le meurtre de Cécile Bloch, un premier portrait-robot du "Grêlé" est publié dans la presse (Photo : DR/Les Jours)

Un double meurtre en avril 1987

La notoriété de ce surnom va ensuite grandir avec les années, à mesure que les soupçons s'accumulent autour de l'implication du mystérieux individu dans d'autres affaires sordides. Quelques semaines avant le meurtre de Cécile Bloch, il aurait ainsi déjà violé une petite fille de 8 ans dans le XIIIe arrondissement de la capitale.

François Vérove aurait ensuite récidivé en avril 1987, dans le quartier du Marais. Il aurait cette fois séquestré, torturé et tué deux adultes, un trentenaire et sa jeune fille au pair, violant au passage la jeune femme. Toujours en 1987 et toujours à Paris, le tueur en série aurait également agressé sexuellement une collégienne âgée de 14 ans, qu'il a ensuite laissé en vie.

Une barbe pour cacher sa peau abîmée ?

Le dernier crime avéré du "Grelé" remonte au 29 juin 1994. Ce jour-là, le prédateur sexuel aurait enlevé une fillette de 11 ans à Mitry-Mory (Seine-et-Marne) et l'aurait ensuite emmenée dans une ferme abandonnée à Saclay, où il l'aurait violée pendant plusieurs heures. La victime avait eu la vie sauve. Si la police a rétrospectivement réussi à établir le lien entre ces différents crimes grâce à des traces ADN concordantes, elle n'aura toutefois jamais réussi à retrouver la trace du meurtrier.

Gendarme, puis policier pendant la période des faits, François Vendovre a donc réussi à échapper à tout soupçon pendant la fin de sa carrière professionnelle et jusqu'à sa mort en 2021. Et ce, sans véritablement prendre le soin de se faire discret, comme l'indique sa participation à l'émission de Nagui en 2019. À l'occasion de son passage à la télévision, on peut d'ailleurs remarquer que le tueur en série avait tout de même pris soin de masquer, sous sa barbe, le seul détail pouvant apparemment permettre de le relier au "Grêlé" : la peau abîmée de son visage...