Le futur gouvernement palestinien reconnaîtra Israël, dit Abbas

par Noah Browning RAMALLAH Cisjordanie (Reuters) - Le futur gouvernement d'union palestinien, dont les islamistes du Hamas ont accepté le principe, reconnaîtra l'existence d'Israël, a annoncé samedi Mahmoud Abbas. Le président de l'Autorité palestinienne a indiqué dans le même temps qu'il restait disposé à poursuivre les négociations de paix avec Israël à condition que l'Etat hébreu libère des prisonniers palestiniens et stoppe les constructions dans les implantations juives de Cisjordanie. Ses déclarations semblent destinées à apaiser les craintes de Washington, parrain du processus de paix, à l'égard de l'accord de mercredi avec le Hamas. Israël a réagi en suspendant les discussions de paix. Les Etats-Unis ont pour leur part indiqué qu'ils reconsidéreraient l'aide annuelle versée à l'Autorité palestinienne, qui se chiffre en centaines de millions de dollars. "Ce gouvernement serait placé sous mon commandement et appliquerait ma politique", a dit Abbas lors d'une rencontre avec de hauts responsables de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) au siège de l'Autorité palestinienne, à Ramallah. "Sa compétence portera sur les affaires intérieures. Je reconnais Israël et ce gouvernement reconnaîtrait Israël. Je rejette la violence et le terrorisme", a-t-il poursuivi. L'accord conclu par le Fatah, branche de l'OLP dirigée par Abbas, et le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, prévoit la création dans les cinq semaines d'un gouvernement d'union formé d'experts dans lequel ne figurera aucun représentant du mouvement islamiste et des élections dans les six mois. Le Hamas, voué à la destruction d'Israël et que les Etats-Unis classent parmi les organisations terroristes, n'a pas contredit les propos d'Abbas mais a indiqué que sa position restait inchangée. "Les négociations avec Israël sont une tâche qui incombe à l'OLP et le gouvernement d'unité n'aura aucune connexion avec cela", a déclaré à Reuters Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas. "La reconnaissance d'Israël par le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas n'est pas nouvelle. Ce qui est important, c'est que le Hamas n'a jamais reconnu et ne reconnaîtra jamais Israël", a-t-il ajouté. Le Premier ministre israélien a quant à lui à nouveau exclu de négocier avec un gouvernement ayant l'appui du Hamas. "C'est la plus vieille astuce du manuel", qui consiste, pour les "organisations suspectes", à se cacher derrière "les gens polis et en costume", a ironisé Benjamin Netanyahu. "Nous ne négocierons pas avec un gouvernement palestinien soutenu par le Hamas, dans lequel le Hamas a une part effective du pouvoir", a-t-il ajouté. (avec Nidal al Mughrabi à Gaza; Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief pour le service français)