Faure vers la direction du PS, pour une "renaissance"

PARIS (Reuters) - Seul candidat à la tête du Parti socialiste après le retrait de Stéphane Le Foll, Olivier Faure s'est posé vendredi en homme du "rassemblement" en vue de la "renaissance" d'un parti à terre depuis les succès électoraux d'Emmanuel Macron.

En le choisissant par 48,5% des voix lors d'un vote jeudi, plus de 37.000 militants socialistes ont envoyé un "message clair pour la renaissance, leur renaissance, notre renaissance", a dit Olivier Faure dans sa première déclaration de futur premier secrétaire, au siège parisien du PS.

"Je mesure le chemin parcouru je mesure aussi le chemin qui reste à parcourir", a ajouté le député de Seine-et-Marne. "Nous avons déçu, nous devons maintenant regagner la confiance de nos concitoyens en prouvant que nous avons changé".

Trois heures plus tôt à la même place, Stéphane Le Foll, arrivé deuxième du scrutin interne qui comptait quatre candidats, avait jeté l'éponge en sa faveur.

"Je considère qu'avec le résultat qu'a obtenu Olivier Faure avec sa motion, il a vocation à devenir premier secrétaire", a-t-il dit. "Je ne suis pas candidat le 29" mars, date du vote qui désignera officiellement Olivier Faure, prélude au congrès du PS des 7 et 8 avril à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).

L'ancien ministre de l'Agriculture, qui s'était présenté comme le candidat de la "continuité avec ce qu'a été la période de quinquennat" de François Hollande, a demandé à Olivier Faure de "remettre ce parti au travail".

Affirmant son "engagement total" à la rénovation du PS, Olivier Faure a précisé qu'il restait député mais qu'il abandonnait la présidence du groupe Nouvelle gauche, qui compte une trentaine de députés à l'Assemblée nationale.

La victoire de cette figure de l'ombre du PS âgé de 49 ans, proche de l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, démontre le désir des militants de rester sur une ligne social-démocrate.

SOUTIEN DES CACIQUES DU PS

Homme de synthèse entre une aile gauche égalitaire et une aile droite libérale, Olivier Faure partait favori après avoir obtenu le soutien d'un grand nombre d'élus et de cadres du PS.

Parmi eux, l'ex-première secrétaire et maire de Lille Martine Aubry a salué sur Twitter "la victoire de la clarté des convictions et du rassemblement des socialistes". Jean-Marc Ayrault, qui s'était dit "fier" jeudi de voter pour lui, l'a aussi félicité.

Celui qui n'a jamais été ministre sera chargé de piloter un PS à l'avenir incertain, neuf mois après ses échecs cuisants aux élections présidentielle et législatives où le parti qui dirigeait la France depuis cinq ans a été balayé par la vague de la République en marche (LaRem) d'Emmanuel Macron.

Un temps directeur adjoint de cabinet de François Hollande au PS, puis secrétaire général du groupe socialiste à l'Assemblée alors présidé Jean-Marc Ayrault, Olivier Faure se pose en homme de dialogue.

"Quand il faut tout changer, tout reconstruire, on a besoin de toute notre énergie et de toutes nos forces pour réussir", a-t-il dit vendredi, tendant la main à ses adversaires de la veille : Stéphane Le Foll, Emmanuel Maurel et Luc Carvounas.

Depuis sa réélection en juin dernier, Olivier Faure a adopté une ligne critique envers le pouvoir. "Il existe un président des riches, il faut un parti pour tous les autres", a-t-il dit lors du débat du 7 mars à l'adresse d'Emmanuel Macron.

Ce même soir sur LCI, il avait été décrit par Luc Carvounas comme le candidat de la "synthèse molle" pour avoir choisi de s'abstenir lors du vote de confiance à la majorité.

Selon les résultats officiels, la motion d'Olivier Faure a rassemblé 48,56% des suffrages, celle de Stéphane Le Foll 26,10%, l'eurodéputé classé à l'aile gauche Emmanuel Maurel 18,98% et le député du Val-de-Marne Luc Carvounas 6,36%.

Le coordinateur du PS Rachid Temal s'est félicité d'une participation de 37.014 votants, soit plus que les 30.000 espérés sur les 102.000 adhérents du PS officiellement dénombrés.

(Marine Pennetier, Julie Carriat et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)