Le FDP exclut de reprendre les négociations en Allemagne

par Andrea Shalal et Joseph Nasr

BERLIN (Reuters) - Le numéro un du parti libéral allemand FDP exclut de reprendre les discussions sur la formation d'une coalition gouvernementale avec les conservateurs et les écologistes.

Christian Lindner, dans un entretien mercredi au magazine Der Spiegel, juge "impossible d'imaginer une coopération avec les Verts au niveau fédéral dans un avenir prévisible".

Le dirigeant du FDP a par ailleurs déclaré au journal Frankfurter Allgemeine Zeitung que cela n'aurait aucun sens de reprendre les discussions "dans cet environnement politique et avec les mêmes propositions politiques".

Le FDP a annoncé ce week-end la rupture des discussions sur la formation d'une coalition "Jamaïque" en évoquant des divergences irréconciliables.

Dans la matinée, la secrétaire générale du FDP avait pourtant évoqué une possible reprise des discussions à condition que CDU et Grünen présentent un "ensemble (de propositions) entièrement neuf".

"S'il était réellement possible de bâtir une république moderne dans les prochaines années, nous serions les derniers à refuser de discuter", avait dit Nicola Beer à la chaîne de télévision n-tv.

De leur côté, certains responsables sociaux-démocrates s'interrogent sur une éventuelle reconduction de la "grande coalition" entre le SPD et les conservateurs, que le numéro un du parti, Martin Schulz, a pourtant exclue.

UNE NOUVELLE "GRANDE COALITION" ?

La pression s'est accentuée sur les sociaux-démocrates pour qu'ils acceptent de s'associer une nouvelle fois aux conservateurs, comme c'était le cas dans la coalition sortante. Jusqu'ici, le SPD a affirmé vouloir refaire ses forces dans l'opposition, à la suite de ses mauvais résultats électoraux.

Axel Schäfer, vice-président du groupe social-démocrate au Bundestag, a même exhorté les conservateurs, les libéraux et les écologistes à reprendre les discussions, invoquant les progrès réalisés jusqu'ici.

Il a cependant ajouté que le SPD accepterait de discuter avec les conservateurs si le président Frank-Walter Steinmeier le lui demandait.

Trente élus du SPD au Bundestag, sur 153, s'interrogent sur la décision de Martin Schulz de choisir l'opposition, rapporte le quotidien Bild.

Dans un entretien au Passauer Neue Presse, le député social-démocrate Johannes Kahrs demande à Schulz de faire preuve d'ouverture d'esprit quand il sera reçu jeudi par Steinmeier. "On ne peut pas se contenter de dire au président: 'Désolé, c'est comme ça'", a-t-il dit.

Selon le Bild, le ministre des Affaires étrangères Sigmar Gabriel, qui a laissé la direction du SPD à Schulz quand il a pris la tête de la diplomatie allemande cette année, est également favorable à une nouvelle "grande coalition".

UN ALLEMAND SUR DEUX POUR DE NOUVELLES ÉLECTIONS

Angela Merkel n'a pas caché qu'elle préférerait elle aussi une reconduite de l'alliance avec les sociaux-démocrates. Si le SPD décide de rester dans l'opposition, la chancelière serait favorable à de nouvelles élections plutôt qu'à la formation d'un gouvernement minoritaire.

Le chrétien-démocrate Günther Oettinger, commissaire européen à l'économie numérique, a lui aussi demandé au SPD de revenir sur sa position afin de ne pas affaiblir la position de l'Allemagne à Bruxelles.

Thorsten Schäfer-Gümbel, numéro deux du SPD, a pour sa part estimé qu'une nouvelle "grande coalition" ne ferait que renforcer l'extrême droite, comme cela s'est passé en Autriche.

Selon un sondage de l'institut Insa pour le quotidien Bild, 49,9% des personnes interrogées privilégient l'option d'un scrutin anticipé.

Un taux presque identique (48,5%) juge que les sociaux-démocrates du SPD ont raison de ne pas vouloir renouveler l'expérience de la "grande coalition" sortante, option qui ne recueille le soutien que de 18% des Allemands.

A Paris, le porte-parole du gouvernement français, Christophe Castaner, a déclaré que la France était confiante dans la capacité de l'Allemagne à trouver une solution politique à la crise actuelle.

"Toute fragilité de l'Allemagne pourrait être un coup dur pour nos ambitions européennes et pour la France", a-t-il dit.

(Avec Michael Nienaber et Andreas Rinke; Jean-Stéphane Brosse et Guy Kerivel pour le service français)