Wall Street soulagée par de possibles exemptions de tarifs douaniers

par Sinéad Carew

NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a finalement fini sur une note irrégulière mercredi, après avoir plongé de plus de 1% en séance, les craintes des investisseurs au sujet d'une possible guerre commerciale déclenchée par les Etats-Unis ayant été quelque peu apaisées par l'annonce d'aménagements possibles dans la mise en place des tarifs douaniers américains.

L'indice Dow Jones, qui a perdu jusqu'à 1,4%, a cédé 0,33%, soit 82,76 points, à 24.801,36. Le S&P-500, plus large, a cédé 1,32 point, soit 0,05%, à 2.726,80. L'indice de référence des gérants de fonds avait à un moment de la séance accusé un recul de 0,97%.

Le Nasdaq Composite, qui a perdu jusqu'à 0,8%, a avancé de son côté de 24,64 points (+0,33%) à 7.396,65.

L'annonce, mardi soir, de la démission de Gary Cohn, le principal conseiller économique de Donald Trump à la Maison blanche considéré comme un rempart contre le protectionnisme du président américain, a été l'élément déclencheur du mouvement de ventes en début de séance à Wall Street.

Cette démission est intervenue après que Gary Cohn n'a pas pu dissuader Donald Trump de revoir son projet, annoncé la semaine dernière, de taxes sur les importations américaines d'acier et d'aluminium.

Mais les investisseurs ont été rassurés en fin de séance par des déclarations de la Maison blanche disant que certains pays pourraient être exemptés de ces tarifs en tenant compte de critères liés à la sécurité nationale.

C'est dans ce cadre que le Canada et le Mexique, liés aux Etats-Unis par l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), pourraient échapper à la hausse des droits de douane sur ces produits, a précisé la Maison blanche, ajoutant que d'autres pays pourraient être dans le même cas.

"Ce qui va se passer n'a pas encore été défini, cela rend donc les investisseurs moins nerveux", a noté Janna Simpson, chargée des investissements chez OakBrook Investments LLC.

TEXTE SUR LES TARIFS SIGNÉ JEUDI OU VENDREDI

Avant les concessions annoncées par la Maison blanche, les mises en garde contre le projet de taxation des importations américaines d'acier et d'aluminium et le risque d'une guerre commerciale se sont amplifiées tout au long de la journée.

"Les guerres commerciales sont mauvaises et faciles à perdre", a prévenu le président du Conseil européen, Donald Tusk, répondant à Donald Trump qui, la veille, se disait prêt à en découdre sur le front des échanges mondiaux.

En plus des tarifs douaniers, Donald Trump a également dit que la Chine avait été invitée à élaborer un plan pour réduire d'un milliard de dollars son excédent commercial avec les Etats-Unis.

Des responsables de la Maison blanche ont déclaré que Donald Trump avait bon espoir de signer le texte sur les tarifs douaniers jeudi, ajoutant que ceci pourrait également intervenir vendredi.

Les yeux rivés sur les questions commerciales, les acteurs de marché n'ont guère prêté attention au "Livre beige" de la Réserve fédérale qui, en évoquant la persistance de tensions sur le marché du travail et une inflation modérée, prépare le terrain à une nouvelle hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis.

Si les cours du brut ont chuté de 2%, sous le coup notamment d'une hausse des stocks de brut la semaine dernière aux Etats-Unis, les autres actifs financiers - indice dollar, emprunts du Trésor, or - ont terminé la séance peu changés.

Le titre Exxon Mobil a tiré le Dow Jones vers le bas, avec un repli de 2,52%, le plus marqué de l'indice, sous le coup à la fois de la baisse des cours du brut et de la décision du géant pétrolier de ne pas lancer de nouveau plan de rachat d'actions.

Les actions Caterpillar et Boeing, d'autres poids lourds industriels du Dow, ont respectivement cédé 1,46% et 0,54%, en raison des inquiétudes de voir les cours des métaux monter en cas de guerre commerciale entre les Etats-Unis et le reste du monde.

L'indice Russell 2000, reflet de petites valeurs boursières américaines, a fini sur un gain de 0,8%, ses composantes, centrées sur les Etats-Unis, étant moins vulnérables aux éventuelles mesures de rétorsion que pourraient prendre certains Etats en réponse aux tarifs douaniers américains.

Quelque 6,74 milliards d'actions ont été échangées, soit moins que la moyenne quotidienne de 7,79 milliards observée au cours des 20 dernières séances.

(Benoit Van Overstraeten pour le service français)