Le Dow porté par les banques; Nasdaq plombé par les high tech

par Sruthi Shankar, Rama Venkat Raman et Lewis Krauskopf

NEW YORK (Reuters) - Les indices de Wall Street ont terminé la séance de mercredi en ordre dispersé, les investisseurs s'étant dégagés des valeurs high tech pour privilégier les bancaires et d'autres segments du marché susceptibles de profiter à plein d'une fiscalité et d'une réglementation allégées, de taux d'intérêt plus élevés et des dernières phases du cycle économique.

C'est ainsi que le Nasdaq a subi sa plus forte perte depuis plus de trois mois dans le sillage des valeurs high tech, dont l'indice sectoriel, le plus performant cette année, a perdu 2,56%, son plus fort recul depuis plus de cinq mois.

Pour autant, cet indice sectoriel est en hausse de 36% cette année, représentant le quart des 24.000 milliards de dollars de valorisation de l'indice S&P-500, soit le pourcentage le plus élevé depuis la bulle "dot.com" de 2000.

Le PER du compartiment des high tech est de 19, alors qu'il est de 18 pour le S&P-500, selon Thomson Reuters Datastream.

Les valeurs FAANG - Facebook, Amazon, Apple, Netflix et Alphabet, maison-mère de Google, ont perdu de 2,4% à 5,5%.

L'indice des semiconducteurs de la Bourse de Philadelphie a abandonné 4,39% au terme de sa pire séance de l'année. Il est toutefois en hausse de plus de 40% cette année.

Au contraire, l'indice S&P des financières (+1,77%) a atteint en séance un pic de plus de 10 ans, réagissant à la statistique du PIB et aux déclarations de Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale, et de Jerome Powell, qui lui succèdera l'an prochain, déclarations qui entérinent pratiquement le principe d'une hausse des taux américains le mois prochain.

JPMorgan Chase et Bank of America ont chacune gagné 2,3%.

Les gains des financières, des industrielles et des valeurs de la santé ont permis au Dow Jones de finir en hausse et de limiter les pertes du Standard & Poor's 500, qui finit étale.

L'indice Dow Jones a gagné 103,97 points (0,44%) à 23.940,68 points. Le S&P-500 a cédé 0,97 point (0,04%) à 2.626,07 points. Le Nasdaq Composite a laissé 88,02 points (1,27%) à 6.824,34 points.

"On observe plusieurs choses qui se combinent: du positionnement de défense avec des prises de bénéfice dans les secteurs à forte croissance, en particulier les technologiques, et de la rotation dans des secteurs qui devraient bien résister si on a de mauvaises nouvelles sur la réforme fiscale ou le plafond de la dette", a dit Jonathan Mackay (Schroders).

Ces indices ont pu s'appuyer aussi sur de bonnes nouvelles macroéconomiques.

La croissance de l'économie américaine au troisième trimestre a été un peu plus forte qu'estimé initialement, à son rythme le plus élevé depuis trois ans, la hausse des stocks et des dépenses d'équipements des entreprises compensant la modération des dépenses des ménages.

Les promesses de ventes de logements anciens ont rebondi en octobre à la faveur d'un redressement du marché après le passage des ouragans Harvey et Irma mais le marché reste en recul si l'on considère les données annuelles.

Le marché a également pris connaissance du dernier Livre Beige de la Réserve fédérale où on peut lire que la croissance économique des Etats-Unis a évolué à un rythme modeste à modéré d'octobre à la mi-novembre et les pressions inflationnistes se sont intensifiées.

Aux valeurs, l'action Juniper Networks a bondi de près de 22% en après-Bourse, la chaîne CNBC ayant annoncé que Nokia discutait du rachat de l'équipementier de réseaux américain.

Autodesk chute de 16% après avoir annoncé la suppression d'environ 13% de ses effectifs dans le cadre d'un plan de restructuration et l'abaissement de sa fourchette haute de prévision annuelle de nouveaux abonnés.

Le départ du fondateur et directeur général de Chipotle Mexican Grill Steve Ells permet au titre du groupe de restauration rapide de gagner 5,6%.

Le volume a été de huit milliards de titres échangés, bien supérieur à la moyenne de 6,5 milliards des 20 dernières séances.

Sur le marché des changes, le dollar a été soutenu, face à un panier de devises de référence, par la statistique du PIB américain mais les incertitudes entourant le projet de réforme fiscale ont fait qu'il n'a pu aller bien loin.

L'indice du dollar était à 93,231, pratiquement inchangé.

La commission budgétaire du Sénat américain a approuvé mardi le projet de réforme de la fiscalité du Parti républicain qui sera donc présenté en séance plénière.

Mais c'est surtout le bitcoin qui a retenu l'attention, dépassant les 11.000 dollars pour atteindre 11.395 avant de faire retraite pour revenir étale, à 9.919,58.

Yellen et le PIB se sont alliés pour faire monter la plupart des rendements des Treasuries. Les rendements à 10 et 30 ans ont atteint des plus hauts de deux semaines et celui du 2 ans a inscrit un pic de plus d'une semaine après avoir dévoilé un sommet de neuf ans la semaine passée.

Sur le marché pétrolier, les cours ont terminé en baisse, affectés par certaines déclarations émanant de responsables pétroliers.

(Avec Laetitia Volga, Noël Randewich, Saqib Iqbal Ahmed, Gertrude Chavez-Dreyfuss)