Wall Street finit sur une note positive, record pour le Nasdaq

par Stephen Culp

NEW YORK (Reuters) - Wall Street a fini sur une note positive jeudi, avec une clôture record pour le Nasdaq, après des indicateurs américains meilleurs que prévu et des annonces perçues comme accommodantes de la Banque centrale européenne, même si JPMorgan Chase et General Electric ont plombé le Dow Jones.

L'indice des 30 grandes valeurs a cédé 25,89 points, soit 0,10%, à 25.175,31 alors que le S&P-500, plus large, a gagné 0,25% à 2.782,49. Le Nasdaq Composite a pris plus franchement 65,34 points (0,85%) à 7.761,04, un niveau inédit en clôture, soutenu par les technologiques et notamment Facebook.

Avant l'ouverture, le département du Commerce a annoncé une augmentation de 0,8% des ventes au détail en mai, une hausse deux fois plus forte que prévu qui conforte le scénario d'une accélération de la croissance américaine au deuxième trimestre et justifie du même coup l'optimisme affiché la veille par la Réserve fédérale.

Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont de leur côté affiché un recul inattendu la semaine dernière pour tomber à leur plus bas niveau de près de 44 ans et demi.

Du côté des banques centrales, la BCE a comme attendu annoncé la fin de son programme de rachats d'actifs pour la fin 2018 mais elle a aussi promis de ne pas relever ses taux directeurs avant la fin de l'été 2019, ce qui a soulagé les investisseurs après les annonces de la Réserve fédérale, qui a relevé ses taux pour la deuxième fois de l'année et laissé prévoir deux autres resserrements qui pourraient intervenir en septembre et décembre.

Cette perspective avait fait reculer Wall Street mercredi mais les investisseurs ont cette fois bien réagi.

"Les hausses de taux de la Fed, la décision de la BCE de mettre fin à son programme de rachats d'obligations (...), tout cela est finalement positif car les banques centrales ont le sentiment que l'économie est assez forte pour le supporter", commente Rick Meckler, associé chez Cherry Lane Investments à New Vernon (New Jersey).

La prudence de la BCE sur ses taux a cependant affecté le compartiment bancaire, plombé également par l'aplatissement de la courbe des taux aux Etats-Unis après les annonces de la Fed.

L'écart de rendement entre l'emprunt à 30 ans et les obligations à 50 ans est tombé mercredi soir à son plus bas niveau depuis janvier 2012.

COMCAST EN VEDETTE

JP Morgan Chase a reculé de 1,76%, deuxième plus forte baisse du Dow Jones derrière General Electric (-1,80%), et les financières (-0,93%) ont fini en queue de peloton des 11 grands indices sectoriels S&P-500.

La plus forte hausse sectorielle a été à l'inverse pour les services aux collectivités, suivis de la consommation discrétionnaire des télécoms.

En vedette, Comcast a bondi de 4,64% après avoir officialisé une contre-offre de 65 milliards de dollars (55 milliards d'euros) sur les actifs que Twenty-First Century Fox avait déjà accepté de céder à Walt Disney en décembre.

Disney n'a pas été en reste avec un gain de 2,30%, la meilleure performance du Dow Jones, plusieurs analystes estimant que les deux groupes pourraient se partager les actifs de Fox dans les médias et le divertissement. Fox, contrôlé par Rupert Murdoch, a pris 2,11% en attendant.

Aux technologiques, Facebook s'est adjugé 2,29% et Alphabet 1,39%, entraînant d'autres valeurs internet comme Twitter (+6,10%) qui a atteint un plus haut de trois ans.

Le spécialiste du stockage de photos Dropbox s'est lui envolé de 14% à 36,12 dollars, sa deuxième meilleure séance depuis les 35% gagnés lors de ses débuts en Bourse le 23 mars. Le titre a pris 80% en deux mois et demi de cotation.

Oracle a en revanche décroché de 4,91% après un abaissement de l'objectif de cours de Nomura à 60 dollars contre 64 dollars auparavant.

L'EURO SOUS 1,16 DOLLAR APRÈS LA BCE

Quelque 6,75 milliards de titres ont changé de mains, en ligne avec la moyenne (6,70 milliards) des 20 dernières séances.

Les annonces de la BCE, qui ont pour effet de repousser de juin à septembre 2019 la date probable d'une première hausse de taux dans la zone euro depuis 2011, ont fait baisser l'euro et les rendements obligataires.

Venant juste après la décision de la Fed d'accélérer ses hausses de taux, la perspective d'un maintien des taux de la BCE jusqu'à la fin de l'été 2019 "a pris les intervenants à contre-pied", explique Peter Ng, cambiste à la Silicon Valley Bank à Santa Clara (Californie).

L'euro a enfoncé le seuil de 1,16 dollar pour s'établir à 1,1582 dollar en fin de journée, soit une baisse de 1,8% - la plus forte depuis celle de 2,37% le 24 juin 2016, lendemain du vote britannique en faveur du Brexit. "Le différentiel de taux entre les Etats-Unis et l'Europe s'élargit et c'est le dollar qui en profite", résume Ed Egilinsky, responsable des investissements alternatifs chez Direxion à New York.

L'indice dollar, qui mesure la valeur du billet vert contre un panier de devises, a progressé de 1,2%.

Le yen s'est raffermi contre l'euro mais aussi face au dollar avant l'issue vendredi de la réunion de politique monétaire de la Banque du Japon dont les marchés n'attendent pourtant aucune annonce majeure.

Sur le marché obligataire, le rendement de l'emprunt à 10 ans s'est détendu à 2.9351% contre 2,979% mercredi, imitant la tendance en Europe où le rendement du Bund de même échéance a reculé de six points de base.

Les cours du pétrole ont fini sur une note irrégulière, le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) gagnant 0,38% à 66,89 dollars le baril alors que le Brent de mer du Nord a reculé de 1,04% à 75,94.

(avec Sruthi Shankar à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)