Le correspondant de Die Welt en Turquie reste en détention

ANKARA (Reuters) - La justice turque a rejeté mercredi une demande de remise en liberté d'un journaliste germano-turc, correspondant en Turquie du quotidien Die Welt, dont l'incarcération le mois dernier a provoqué le début d'une vive crise entre Berlin et Ankara. Deniz Yucel est en détention dans l'attente de son procès pour propagande en faveur d'une organisation terroriste et incitation à la violence. Il encourt dix ans et demi de prison si reconnu coupable. On ignore quand il sera jugé. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, l'a présenté comme "un agent allemand" et un membre d'un groupe armé kurde. Le gouvernement allemand a qualifié ces accusations d'absurdes et la chancelière Angela Merkel a jugé son arrestation "disproportionnée". Son avocat, Veysel Ok, avait déposé un appel la semaine dernière pour obtenir sa remise en liberté. C'est cet appel qui a été rejeté mercredi par une cour pénale d'Istanbul. "Les titres, les images, les expressions, le langage et le ton utilisés par le prévenu dans ses articles dépassent le cadre du journalisme et de la liberté de la presse", dit le tribunal. Le crise entre Ankara et Berlin a pris une autre dimension ces derniers jours avec l'annulation, en Allemagne et aussi aux Pays-Bas, de réunions publiques où devaient intervenir des ministres turcs pour promouvoir le projet de réforme constitutionnelle renforçant les pouvoirs présidentiels en Turquie. Le texte sera soumis à référendum le 16 avril. Les propos du président Erdogan comparant l'Allemagne et les Pays-Bas à des Etats fascistes et nazis ont déclenché de vives protestations dans les deux pays, et inquiètent les instances européennes. [nL5N1GS5K3] (Ece Toksabay, Gilles Trequesser pour le service français)