Le coronavirus change-t-il notre façon d'apprécier la télévision ?

A young woman is holding a television remote control while sitting in a sofa
© Getty Images

Alors que l'heure est au confinement, la télévision est devenue l'un des principaux moyens d'évasion des Français. Outre les journaux télévisés, qui font leurs meilleures audiences de l'année, tous les programmes sont globalement davantage regardés, plus suivis. Toutefois, les téléspectateurs semblent avoir changé une de leurs habitudes : ils sont nettement plus sensibles à des détails, qui leur paraissaient jusqu’alors insignifiants.

Si la propagation du Coronavirus et le confinement entraîné par la situation a des petits côtés film d'horreur, les Français semblent, petit à petit, avoirs pris conscience de la situation. En dépit du soleil, ils se font plus rares à l'extérieur, et respectent les règles de sécurité imposées par le gouvernement, de manière à lutter contre la propagation du virus : confinement, gestes barrières... Des nouveautés qui deviennent des habitudes. À tel point que cela change totalement notre perception des interactions.

"Mais pourquoi ils se font un câlin ? Ils sont fous ?"

Ce nouveau regard, beaucoup l'ont réalisé alors qu'ils regardaient la télévision. Dans les films, les séries, même dans les programmes qui ont été enregistrés à l'avance - comme le Morning Night de Michaël Youn il y a quelques jours - les téléspectateurs se surprennent à redouter les accolades, la proximité, les gestes d'affection, les personnes qui se touchent. Michaël Youn semblait l'avoir prévu, puisqu'avant la diffusion de son émission, il a fait diffuser un message dans lequel lui et ses acolytes expliquaient que tout avait été tourné bien avant l'heure du confinement, et que ces gestes hier anodins, ne le sont plus aujourd'hui.

"À chaque fois que je vois des personnes s'embrasser ou se faire des câlins dans les séries, j'ai envie de hurler : ‘Mais vous êtes malades ?’", raconte Aurélia. "Puis, je me souviens que c'était juste une époque un peu plus douce." Delphine, elle, a même ralenti sa consommation de programmes "classiques" : "Je ne regarde presque plus que The Circle, la téléréalité de Netflix où les candidats sont eux-mêmes confinés. C'était un choix inconscient, mais je viens de réaliser que c'est peut-être lié..."

Pour Romain Cheyron, journaliste expert en séries du site serieously.com, la situation n'est pas étonnante : "Sans aller jusqu'à dire que le Coronavirus change notre façon de regarder la télévision, cela change forcément nos émotions. Des détails dont ils se moquaient il y a quelques semaines, quelques jours, même, prennent aujourd'hui une place importante dans ce que l'on voit à l'écran. Les programmes télévisés nous renvoient une image différente. Il y a une sorte de nostalgie, et aussi un espoir de pouvoir reprendre une vie normale très bientôt." L'avis de l'expert se retrouve d'ailleurs dans les propos de Morgane : "On voit la réalité à travers un nouveau prisme."

Le Coronavirus, future star des fictions ?

À l'heure actuelle, de nombreuses chaînes ont été obligées de chambouler leurs grilles de programme à cause de la pandémie et du confinement. Les tournages sont interrompus pour des raisons sanitaires, et cela impacte forcément la diffusion, comme c'est le cas par exemple pour Demain nous appartient. La question qui se pose est maintenant de savoir si ces dernières vont choisir d’évoquer le sujet dans leurs épisodes. Ce sera probablement le cas dans Demain nous appartient ou dans Plus Belle la Vie, qui ont toujours surfé sur l'actualité.

Toutefois, selon Romain Cheyron, les choses pourraient être bien différentes : "Pour le moment on ne sait pas trop comment les séries vont explorer cette catastrophe sanitaire dans le futur, mais il y a déjà quelques séries qui ont abandonné des arcs similaires. New Amsterdam par exemple vient de supprimer un épisode consacré à une pandémie. Il devait être diffusé le 7 avril, et ne le sera plus. Il y a aussi la série pour Disney+ Falcon & the Winter Soldier qui, selon des rumeurs, doit être réécrite en partie parce qu’à l’origine il devait être question d’une pandémie également, artificiellement créée dans la population." Le tout, avec une constatation : "Aujourd’hui les gens ne veulent pas voir dans la fiction ce qu’il se passe en réalité, ils veulent du divertissement." Et après les dizaines de reportages anxiogènes diffusés au sujet du Coronavirus, qui pourrait les en blâmer ?

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