Le Conseil de l'Europe renonce à sanctionner Ankara

L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a dénoncé mercredi les violations des droits de l'Homme et de l'Etat de droit en Turquie, jugées contraires aux principes de l'organisation, tout en renonçant à sanctionner Ankara. /Photo d'archives/REUTERS/Murad Sezer

STRASBOURG (Reuters) - L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a dénoncé mercredi les violations des droits de l'Homme et de l'Etat de droit en Turquie, jugées contraires aux principes de l'organisation, tout en renonçant à sanctionner Ankara. Une proposition d'ouverture d'une procédure de suivi (monitoring), une mesure symbolique mais politiquement significative consistant à placer l'Etat membre sous surveillance, a été retirée par ses auteurs peu avant le vote d'une résolution, dans un esprit de "compromis". Le texte, adopté par 96 voix contre 24 et dix abstentions, est cependant particulièrement sévère vis-à-vis d'Ankara et du gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan. "L'évolution récente de la situation concernant la liberté des médias et la liberté d'expression, l'érosion de l'Etat de droit et les violations alléguées des droits de l'Homme liées aux opérations de sécurité antiterroristes menées dans le sud-est de la Turquie menacent le fonctionnement des institutions démocratiques de ce pays", affirment les parlementaires. Ils dénoncent tant les arrestations de journalistes et d'universitaires sous couvert de loi antiterroriste que les menaces qui pèsent sur l'immunité des parlementaires turcs ou les conséquences, dont un exode massif de la population, des opérations anti-terroristes contre les séparatistes kurdes. Le gouvernement turc est resté sourd, jusqu'à présent, aux inquiétudes et critiques exprimées quant à ses écarts croissants vis-à-vis des règles démocratiques, par différents organes du Conseil de l'Europe, Secrétariat général, Commission de Venise ou Commissaire aux droits de l'Homme. (Gilbert Reilhac, édité par Sophie Louet)