Le choeur de Ratisbonne comparé à un enfer par d'anciens élèves

BERLIN (Reuters) - Les enseignants du plus fameux choeur catholique d'Allemagne ont physiquement ou sexuellement abusé de 547 élèves entre 1945 et 2015, montre un rapport d'enquête indépendant. Certains garçons ont comparé l'institution à un camp de concentration. Dans ce document de 440 pages sont décrits les sévices auxquels étaient soumis les enfants, des gifles si fortes que leurs victimes en gardaient la trace sur le visage le lendemain, des coups donnés à l'aide de bâtons ou d'archets de violon, ou de sévères corrections. Les élèves qui tentaient de fuir le "Regensburger Domspatzen" (Les Moineaux de la cathédrale de Ratisbonne) étaient ramenés dans l'école et frappés et humiliés devant leurs camarades. Les premières accusations d'abus au sein de cette institution bavaroise vieille d'un millénaire, qui enchaîne toujours les tournées à travers le monde, ont fait surface en 2010. Le diocèse a critiqué ces premières investigations avant de mandater cinq ans plus tard l'avocat Ulrich Weber pour établir le rapport indépendant rendu public mardi. Le choeur de Ratisbonne a été dirigé pendant trente ans, de 1964 à 1994, par Georg Ratzinger, frère de l'ancien pape Benoît XVI. Il a reconnu en 2010 avoir giflé des élèves sans se rendre compte de la brutalité de la discipline qui leur était imposée. Ulrich Weber estime dans son rapport que Georg Ratzinger est "particulièrement à blâmer pour avoir fermé les yeux et ne pas être intervenu alors qu'il savait". L'enquête n'a pas montré en revanche qu'il était au courant d'abus sexuels. Sur les 547 cas d'abus recensés par l'avocat sur des anciens élèves, 67 sont classés comme abus sexuels. TRAUMATISMES Ulrich Weber impute les violences, infligées au nom d'une quête d'excellence, à un total de 49 individus - 45 responsables de maltraitances physiques et neuf responsables d'agressions sexuelles. "Les victimes (...) ont décrit l'institution comme une prison, un enfer et un camp de concentration", a déclaré l'enquêteur. "Beaucoup d'entre elles ont évoqué cette période, marquée par la violence, la peur et l'impuissance, comme la pire de leur vie." Ancien élève, Alexander Probst a déclaré à Reuters TV qu'il restait toujours traumatisé par son expérience au sein du choeur, qu'il a quitté il y a sept ans. "Il ne s'agit pas de 547 cas où un individu n'est affecté qu'une seule fois. C'était plutôt une pratique qui a perduré pendant des décennies et qui a consisté à tourmenter, abuser, maltraiter et abîmer socialement 547 enfants", a-t-il dit. "Nous avons tous fait des erreurs et avons beaucoup appris. Nous constatons aujourd'hui que nous aurions pu faire les choses mieux et plus tôt", a déclaré Michael Fuchs, vicaire général du diocèse de Ratisbonne, en réaction à la publication du rapport. (Madeline Chambers; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)