Le chef du renseignement allemand s'en prend à Facebook

BERLIN (Reuters) - Le chef des services de renseignement intérieurs allemands s'en est pris lundi aux géants de l'internet comme Facebook, estimant qu'ils éludaient leur responsabilité de vérifier ce qui apparaît sur leurs sites, au risque de nuire à la démocratie.

S'exprimant lors d'une conférence sur la cybersécurité organisée par le journal Handelsblatt, Hans-Georg Maassen a dénoncé le manque de sens civique de ces entreprises.

"On voit aujourd'hui d'énormes entreprises du numérique se considérer uniquement comme vecteurs d'information et se retrancher derrière les privilèges légaux dont jouissent ces plate-formes parce qu'elles ne veulent pas assumer la vérification rédactionnelle de leurs contenus", a-t-il dit.

L'Allemagne est en pointe pour tenter de mieux organiser ce que diffusent les réseaux sociaux. Le pays a adopté en juin un loi prévoyant des amendes pouvant atteindre 50 millions d'euros pour les réseaux sociaux qui tardent à supprimer les discours de haine et les fausses informations.

Facebook, qui compte 29 millions d'utilisateurs en Allemagne, soit un tiers de la population, a fait valoir que ses équipes avaient été renforcées et s'activaient pour retirer les contenus jugés illégaux ou inappropriés.

Hans-Georg Maassen a jugé révélateur le fait que Facebook ait admis que des millions de ses utilisateurs aient vu des messages politiques achetés en Russie durant et après la dernière campagne présidentielle aux Etats-Unis.

"Le pluralisme démocratique perd ses fondements s'il ne repose plus sur des faits et sur la réalité mais en est réduit à des opinions", a-t-il dit.

(Emma Thomasson et Sabine Siebold, Gilles Trequesser pour le service français)