Leïla Slimani au JDD : "Le succès est aussi injuste que l'échec"

Leïla Slimani, prix Goncourt en 2016 avec Chanson douce, a accepté le principe de la jolie collection "Ma nuit au musée" : passer une nuit enfermée à la Pointe de la Douane, à Venise. Le résultat se nomme Le parfum des fleurs la nuit, un texte très intime dans lequel elle évoque son père et sa mort. Elle se confie au JDD.

D'ordinaire vous ne parlez guère de vous dans vos livres ; cette fois vous levez le voile sur l'intime.
J'ai accepté la proposition d'Alina Gurdiel [l'éditrice] parce que j'étais curieuse de ma réaction face à l'enfermement, j'avais envie de vivre l'expérience d'une solitude contrainte. Mais ma hantise, c'était d'écrire un texte artificiel, banal, nul, interchangeable, snob et inutile ; j'ai compris que la seule manière de faire pour que ce texte de commande ait un véritable sens, c'était d'écrire un texte qui soit vraiment intime.

C'est là que vous avez choisi d'écrire sur l'écriture?
L'écriture, c'est moi. Tout ce que j'évoque dans ce livre sur ma vie et sur mon intimité a trait à l'écriture. J'ai l'impression de très peu comprendre qui je suis, pourquoi j'ai fait telle ou telle chose ; si je regarde ma vie, je n'ai aucun sentiment de cohérence, je me sens portée par quelque chose que je ne maîtrise pas du tout. Tout ça est assez obscur. À l'âge qui est le mien maintenant, 40 ans, pour la première fois j'ai envie de commencer à me comprendre. Là, c'était l'occasion d'être confrontée à ce que l'écriture avait fait de moi, pourquoi j'y avais consacré autant...


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