Les leçons essentielles que « Sex Education » nous a apprises en quatre saisons sur Netflix s’arrêtent ici

Otis et Maeve, ici dans « Sex Education » sur Netflix.
Capture d’écran Netflix Otis et Maeve, ici dans « Sex Education » sur Netflix.

SÉRIES TÉLÉ - Un compliment, un émoji, une photo ou rien du tout ? Otis est un peu gêné. Maeve, partie vivre aux États-Unis, vient de lui envoyer un « nude » et il ne sait pas quoi lui répondre. Le décor est planté : Sex Education, dont la quatrième et ultime saison a été mise en ligne sur Netflix ce jeudi 21 septembre, est de retour.

« Otissounet, c’est génial », s’extasie Éric, son meilleur pote. Lui, n’est pas vraiment du même avis. Il ne lui a toujours pas répondu. « Quoi, ça ne va pas ? Otis, tu dois répondre, c’est la règle, lu assène Éric. La fais pas poireauter. » Les nouveaux amis de Maeve sont du même avis. Il faut le larguer, selon eux. Ou le ghoster (mauvaise idée).

Bilan des courses : Maeve et Otis finissent par s’appeler. Plus simple que de tergiverser chacun de son côté. Pourquoi fait-il le mort ? Pourquoi ne lui a-t-il rien envoyé à son tour ? Il finit par lâcher le morceau : « Les photos, c’est pas mon truc. » La jeune femme comprend. Qu’est-ce qu’il préfère, lui ? Il a son idée. Pourquoi ne pas faire l’amour par téléphone.

Découvrez ci-dessous la bande-annonce :

Même si cette scène a beaucoup à dire de la notion de consentement ou de la nécessité de communiquer sur ses envies pour faire l’amour à distance quand on est en couple, Sex Education ne prétend pas donner de leçon. Et ne l’a jamais prétendu.

Sex Education et masturbation

En revanche, la série britannique de Laurie Nunn, qui raconte (depuis 2019) sans pincettes les histoires de cul et de cœur d’un lycée timide du Royaume-Uni, a déconstruit et mis les projecteurs sur une variété de problématiques essentielles à une meilleure connaissance de ce grand monde un peu tabou qu’est la sexualité. Et ce, sans jamais culpabiliser.

On y a parlé de masturbation, notamment de masturbation féminine. C’est Amy qui s’y colle dès la saison 1. L’adolescente ne s’y était jamais essayée. Et alors qu’elle s’apprête à accomplir l’acte, elle s’allonge sur le dos. Elle plonge la main dans sa culotte : c’est le kiff. Amy se lance dans toutes les positions, dont sur le ventre.

C’est banal et pourtant, cette scène n’a rien d’anodin. « Bien sûr, on a déjà vu une femme faire glisser sa main le long de son ventre et la regarder disparaître entre les couvertures tout en cambrant le dos », se rappelle dans un billet de blog la journaliste américaine Priscilla Frank.

Avant d’ajouter : « Mais on voit moins souvent une femme – que ce soit à la télé ou dans un film – la tête dans l’oreiller, repliée sur elle-même à frémir comme si elle prenait part à un exercice nucléaire pendant un tremblement de terre. » Pour elle, Sex Education osait enfin montrer des femmes se masturber comme dans la vraie vie.

Parlons dépistage et chlamydia sur Netflix

Alors oui, Sex Education a des côtes clownesques, mais non moins justes quand vient l’heure de parler d’autres dossiers très sérieux, comme les IST. La deuxième saison peut en témoigner, elle a mis sur le tapis le sujet brûlant de la chlamydia, dont les conséquences sont plus importantes si l’infection, qui peut d’abord passer inaperçue, n’est pas détectée à temps.

En effet, elle peut provoquer une inflammation de l’urètre chez l’homme. Chez la femme, elle entraîne des risques d’infection de l’utérus et des trompes, de stérilité, de grosseesse extra-utérine. En la mettant en avant, Netflix rend peut-être un sacré service à de nombreux adolescents (et adultes).

Sur certains sujets, la réalité s’avère certes moins édulcorée que dans la série. Si la fiction se contente d’un dessin très explicite pour aborder l’épineuse question de la douche anale (lorsque deux des personnages se demandent comment se préparer à la sodomie), le programme a toutefois le mérite d’exposer la situation au plus grand nombre en évoquant l’existence d’un objet bien utile : la poire à lavement.

Handicap et âgisme abordés dans Sex Education

La série bénéficie aussi d’une galerie de personnages drôles, touchants et très divers, pas seulement pour leur orientation sexuelle ou leur genre. Il y a Isaac, un jeune homme en fauteuil roulant amoureux de Maeve, sa voisine. Dans une scène de la troisième saison, les deux ados s’embrassent, se caressent, parlent de leurs envies respectives ou des parties intimes de leur corps.

Pour son interprète, l’acteur George Robinson, qui ne peut lui-même plus bouger ses jambes, cette scène est « un moment culturel important ». « Les personnes en situation de handicap font l’amour, elles ont des relations amoureuses. Alors pourquoi ne pas explorer ça ?, s’interrogeait-il auprès de Brut. On n’a jamais vu quelque chose comme ça avant. »

La représentation est importante. Et ce, à tous les âges. Jean Milburn (Gillian Anderson), la mère d’Otis, le sait bien. Quand elle apprend qu’elle est enceinte dans la série, elle a 48 ans. Trop tard pour avoir un enfant ? Si la sexothérapeute se prend au visage une vague de commentaires déplacés, elle dynamite surtout le mythe de l’âge pivot, cette idée selon laquelle après 35 ans on ne peut plus avoir un enfant sainement.

Sex Education ne fait pas l’impasse sur les risques. La preuve : Jean Milburn accouche plus tôt que prévu et subit une sévère hémorragie. Des événements sombres, Sex Education en compte, mais reste avant tout une comédie. Une comédie rafraîchissante qui, au grè de ses quatre saisons, aura peut-être permis de faire naître des discussions sur le sexe et de faire tomber certaines barrières.

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