L'avenir de l'Europe : des combustibles fossiles à la dépendance aux métaux ?

L'avenir de l'Europe : des combustibles fossiles à la dépendance aux métaux ?

L'UE a pour objectif de parvenir à la neutralité carbone d'ici à 2050. Cette transition énergétique, ainsi que la production d'armement moderne et la numérisation croissante de la vie quotidienne, reposent sur des technologies qui nécessitent plus de métaux que jamais.

Or, si l'UE consomme près d'un quart des minerais mondiaux, elle n'en produit qu'environ 3 %.

En décembre 2023, le Parlement européen a adopté la loi sur les matières premières critiques, qui définit des objectifs en matière de recyclage, de traitement, de commerce et de production.

D'ici 2030, l'UE souhaite extraire au moins 10 % de sa consommation annuelle de matières premières critiques. Cet objectif vise à sécuriser l'approvisionnement du continent et à réduire sa dépendance vis-à-vis de sources étrangères, telles que la Chine, qui fournit actuellement la quasi-totalité des besoins en terres rares de l'UE.

Euronews s'est rendu en Suède, l'une des principales puissances minières de l'Union, pour étudier les implications de cet objectif pour l'Europe.

Quelles conséquences pour l'environnement ?

À Gällivare, Boliden exploite la mine d'Aitik, la plus grande mine de cuivre d'Europe. Klas Nilsson, porte-parole de l'entreprise, reconnaît l'impact sur l'environnement mais souligne les efforts de Boliden pour le réduire.

"Bien sûr, nous avons un impact sur l'environnement. Mais devons-nous construire toute notre transition climatique sur des métaux produits sur d'autres continents ?", déclare Klas Nilsson, qui plaide pour une production locale plutôt que pour des importations en provenance de régions où les normes de travail et d'environnement sont moins strictes.

Mais certains habitants, comme Katarina, qui ont dû déménager en raison de l'expansion de l'exploitation minière, ne sont pas convaincus par les motivations environnementales de l'industrie.

"Ils disent qu'ils exploitent leurs mines pour le bien du climat. Ce sont des foutaises ! Ils exploitent leurs mines pour gagner de l'argent. Personne n'ouvre une mine pour sauver le climat", déclare Katarina.

Les populations locales menacées

La région abrite également les Samis, le dernier peuple autochtone de l'Union européenne, qui déplorent la fragmentation de leur territoire due à l'exploitation minière et au développement industriel.

Niila Inga, un éleveur de rennes, explique à Euronews : "Ils ont besoin de ce fer ou de ce cuivre, ou de n'importe quelle autre ressource. Nous sommes obligés de nous déplacer".

Quels que soient les résultats des prochaines élections européennes, les métaux resteront une priorité pour l'Europe. Cela risque d'exacerber les tensions entre les objectifs de transition énergétique et d'autonomie, d'une part, et les préoccupations environnementales locales, d'autre part.

L'équilibre entre ces intérêts contradictoires représente un défi pour les États membres, alors que le continent s'engage dans une transition incertaine, qui pourrait voir une dépendance aux métaux succéder à la dépendance actuelle aux combustibles fossiles.