Laurent Wauquiez, qui refuse d'être candidat, courtisé à droite en vue de la présidentielle

Valérie Pécresse, Michel Barnier et Laurent Wauquiez, le 20 juillet 2021 à Paris - LUDOVIC MARIN / AFP
Valérie Pécresse, Michel Barnier et Laurent Wauquiez, le 20 juillet 2021 à Paris - LUDOVIC MARIN / AFP

Il a jeté l'éponge fin août et ne sera pas candidat, mais rien n'empêche Laurent Wauquiez de peser en vue de la présidentielle. D'ici là, alors que Les Républicains (LR) doivent prochainement entériner le mode de désignation de leur champion ou championne, vraisemblablement une primaire, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes est consulté par les candidats déclarés au scrutin partisan.

Ce vendredi, c'est son homologue d'Île-de-France, l'ex-LR Valérie Pécresse, qui est attendue à l'hôtel de région à Lyon, quelques jours après l'ancien négociateur de l'UE pour le Brexit Michel Barnier, venu la semaine passée dans la capitale des Gaules. Selon L'Opinion, Philippe Juvin et Éric Ciotti, également sur les rangs, lui auraient demandé audience à l'occasion des journées parlementaires des députés LR à Nîmes, jeudi et vendredi derniers.

"Vu le poids qu'il a, c'est normal qu'il soit consulté", estime auprès de BFMTV.com le député LR de Moselle Fabien Di Filippo. "J'ai jamais vu Laurent refuser de parler à quelqu'un", poursuit ce proche de l'ex-patron LR. Même avec Xavier Bertrand, avec qui les relations sont notoirement fraîches? "Surtout Xavier Bertrand, je suis sûr que ça pourrait se faire", croit savoir le secrétaire général adjoint LR.

Michel Barnier, "un grand monsieur"

Si Laurent Wauquiez n'a à ce jour pas pris position, rien ne dit non plus que l'ancien patron du parti le fera publiquement d'ici à l'éventuelle primaire. Mais il envoie des cartes postales. Comme vendredi dernier, en visite à Chambéry pour l'ouverture de la Foire de Savoie. Un déplacement au cours duquel il a justifié sa non-candidature et adressé un salut appuyé à Michel Barnier, devant les caméras de la chaîne locale Savoie News.

"J'ai voulu prendre du temps, j'ai voulu me consacrer à notre région, parce que les gens m'avaient fait confiance", a-t-il déclaré. Petit tacle en direction de Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, qui réélus comme lui dans leur région respective en juin, sont dans la course?

"Et on a quand même Michel Barnier (député de Savoie de 1978 à 1993, jusqu'à son entrée dans le gouvernement Balladur, NDLR) qui va porter les couleurs. Et je sais qu'il y a beaucoup de gens dans les Alpes qui vont le soutenir. J'étais avec lui hier (mercredi) soir, c'est un grand monsieur", a encensé Laurent Wauquiez.

"Aucune consigne"

Il n'en fallait pas plus pour que certains y voient une déclaration de soutien, ce que l'entourage de Wauquiez bat en brèche.

"Ça serait cocasse avec le recul, car Wauquiez était opposé à Barnier en 2015 pour l'investiture aux régionales", se souvient, amusée, une élue LR auprès de BFMTV.com. L'épisode avait été houleux, mais Barnier avait finalement soutenu son rival, qui l'avait emporté face au sortant Jean-Jack Queyranne (PS).

"Il est dans une position d'attente et fera son choix par la suite", assure à BFMTV.com le député LR de la Loire Dino Cinieri, autre membre de l'entourage de Wauquiez. À l'instar du président de sa région, l'élu ligérien dit n'avoir pas encore fait son choix en vue de la primaire et jure n'avoir "aucune consigne".

Quant au "grand monsieur" Barnier qualifié comme tel par Laurent Wauquiez en Savoie, il ne faudrait voir dans cette déclaration qu'une volonté de "rassembler, unir", selon Dino Cinieri, et non pas un soutien de l'ancien commissaire européen.

"Ils travaillent ensemble dans la même région, c'est ça qu'il a voulu dire", abonde Fabien Di Filippo. "Je pense qu'il soutiendra le candidat unique de la droite", botte-t-il en touche.

"Aucun candidat ne s'impose à droite"

La semaine passée à Nîmes, Michel Barnier avait provoqué la stupéfaction en jugeant que la France était "menacée en permanence d'un arrêt ou d'une condamnation de la Cour de justice européenne ou de la Convention des droits de l'Homme, ou d'une interprétation de (sa) propre institution judiciaire". Il avait défendu la nécessité d'une "souveraineté juridique" de la France en matière d'immigration et prédit "d'autres Brexit (...) si on ne change rien".

Des mots que le Savoyard a assumés, dans un entretien au Point mercredi, fustigeant des "cris d'orfraie" et une "mauvaise polémique". Des propos plus droitiers qu'à l'accoutumée pour cette personnalité associée au centre-droit. Reste à savoir s'il s'agit d'une évolution de ligne ou d'appels du pied à l'ancien député de Haute-Loire.

Lors de sa rentrée politique au Mont Mézenc fin août, Laurent Wauquiez avait lâché qu'"aucun candidat ne s'impos(ait) à droite" et n'avait "la force et la densité" pour le faire. Message à Xavier Bertrand, candidat sans passer par la case primaire? À ce jour, les sondages donnent ce dernier et Valérie Pécresse au coude-à-coude, suivis par Michel Barnier, Éric Ciotti et Philippe Juvin.

Article original publié sur BFMTV.com