Laurent Vinatier, le chercheur français arrêté en Russie, « ne travaillait pas pour la France », assure Macron

Laurent Vinatier le chercheur Français arrêté en Russie, « ne travaillait pas pour la France », assure Emmanuel Macron. (capture d’une interview tournée en 2022).
Capture The Swiss Box Laurent Vinatier le chercheur Français arrêté en Russie, « ne travaillait pas pour la France », assure Emmanuel Macron. (capture d’une interview tournée en 2022).

INTERNATIONAL - Victime des relations qui se dégradent à vue d’œil entre Moscou et Paris. Le Comité d’enquête russe a annoncé jeudi 6 juin l’arrestation d’un Français, Laurent Vinatier, alors qu’il était sur la terrasse d’un café dans la capitale russe, comme l’a montrée une vidéo postée sur le Telegram de l’organisme.

En Russie, un chercheur français arrêté par les autorités pour des soupçons d’espionnage

Un tribunal de Moscou a ordonné ce vendredi 7 juin son placement en détention provisoire jusqu’au 5 août. La Cour a prononcé cette décision, à la demande des enquêteurs, bien que l’accusé ait présenté des « excuses » pour ne pas s’être enregistré comme agent de l’étranger, et avoir affirmé avoir « porté la position de la Russie » dans son travail. Un délit passible de cinq ans de prison en Russie.

Âgé de 48 ans, Laurent Vinatier travaille pour une ONG suisse appelée Humanitarian Dialogue. « Nous nous efforçons d’obtenir plus de détails sur les circonstances (de l’arrestation) et d’obtenir la libération de Laurent », a d’ailleurs déclaré l’association au Figaro. Dans son interview sur TF1 et France 2, Emmanuel Macron a confirmé cette arrestation et dit se préoccuper de son sort.

Selon une courte biographie disponible sur le site de l’Institut Delors, Laurent Vinatier est un « spécialiste du monde post-soviétique, du Caucase et de l’Asie centrale » et « travaille plus spécifiquement sur le conflit tchétchène ». Comme il l’a lui-même indiqué sur le réseau social professionnel LinkedIn, il a travaillé pendant son doctorat, entre 2003 et 2006 à Sciences Po Paris, sur la diaspora tchétchène.

Chercheur, professeur, consultant… Laurent Vinatier jongle avec plusieurs casquettes et rejoint en 2014 l’ONG Humanitarian Dialogue, qui s’occupe de « la prévention et la résolution des conflits armés dans le monde par la médiation et la diplomatie ». Les pays de prédilection du Français reflètent sa trajectoire passée : Russie, Ukraine, Moldavie, Tadjikistan, Azerbaïdjan, Ouzbékistan. Il est également auteur de plusieurs livres sur l’espace post-soviétique.

« Agent de l’étranger »

Toujours en 2014, ajoute une source au Monde, Laurent Vinatier aurait joué un rôle dans le dialogue entre séparatistes du Donbass et le pouvoir ukrainien, sous l’égide du Centre pour le dialogue humanitaire qui œuvre pour la résolution des conflits.

« Laurent Vinatier a des interlocuteurs très bien identifiés côté russe, et de haut niveau », ajoute cette source. Ce qu’a confirmé le journaliste correspondant à Moscou Sylvain Tronchet dans C dans l’air : « Ce n’est pas un inconnu ni de la communauté française, ni des autorités russes. La mise en scène de son arrestation n’est pas bon signe. »

Le Comité d’enquête russe, chapeauté par le Kremlin, estime que lors de visites répétées en Russie, le Français a tenu des réunions avec des citoyens russes pour « collecter délibérément des informations dans le domaine des activités militaires et militaro-techniques de la Russie ».

Elle ajoute que « de telles informations, si elles sont obtenues par des sources étrangères, peuvent être utilisées contre la sécurité de l’État ». Laurent Vinatier est accusé de ne pas s’être enregistré en tant qu’« agent étranger » sur le territoire russe. Il risque jusqu’à cinq ans de prison.

Pas un espion français

Le mot espionnage n’a pas été utilisé par les autorités russes, mais c’est en sous-texte ce que l’exécutif français a retenu. D’ailleurs, interrogé sur le sujet lors de son interview sur TF1 et France jeudi soir, Emmanuel Macron a confirmé l’interpellation et affirmé qu’« en aucun cas, c’était quelqu’un qui travaillait pour la France ».

Cette arrestation n’intervient pas à n’importe quel moment. La veille, mercredi, un Ukraino-russe a été arrêté dans un hôtel à Roissy-en-France après avoir fait exploser un objet dans sa chambre d’hôtel par erreur. Le parquet national antiterroriste a été saisi.

De plus ces dernières semaines, la Russie a été accusée par la France d’être derrière plusieurs actes de sabotages, notamment les mains rouges taguées sur le Mur des Justes à Paris, et les faux cercueils de soldats « français morts en Ukraine » déposés au pied de la Tour Eiffel. La relation franco-russe n’a pas fini de s’envenimer.

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