L'audition de Bolloré au Sénat se transforme en salve de punchlines
MÉDIAS - Vincent Bolloré a ouvert le bal à sa manière. Premier des grands propriétaires des médias français à être auditionné par le Sénat ce mercredi 19 janvier, Vincent Bolloré n’a pas raté l’occasion de se donner en spectacle.
Les élus de la commission d’enquête ont auditionné publiquement Vincent Bolloré, patron et actionnaire majoritaire de nombreux médias français comme Canal+, CNews, le JDD, Paris Match ou encore la radio Europe 1 dans le cadre d’une enquête pour évaluer “l’impact de la concentration des médias en France sur la démocratie”.
Très attendu, Vincent Bolloré n’a pas masqué son manque d’envie de participer à cette audience à seulement un mois de sa retraite. Plutôt habitué au secret, il en a plutôt profité pour enchaîner les petites phrases chocs sur une multitude de sujets, après une première séquence marquante où il aura fallu plusieurs minutes pour énumérer l’ensemble de ses activités.
Et c’est avec un lapsus considéré par beaucoup comme révélateur qu’il a ouvert les hostilités alors que les sénateurs n’ont pas manqué de l’interroger sur sa main-mise sur les médias français, comme vous pouvez le voir dans le la vidéo du tweet ci-dessous.
"'Iel' c'est le Petit Robert, qui est Editis, donc je suis woke ? Il y a tellement de courants de pensée dans nos livres, nos auditions. Personne n'aurait pu penser qu'@ZemmourEric deviendrait Président." répond Vincent #Bolloré "Il ne l'est pas encore" rappelle @dassoulinepic.twitter.com/uTTYRA2rTg
— Public Sénat (@publicsenat) January 19, 2022
”Personne ne pensait, personne ne savait qu’Eric Zemmour allait devenir président de la République”, a-t-il glissé à la fin de cette réponse. Le sénateur socialiste et rapporteur de l’enquête David Assouline n’a d’ailleurs pas manqué de lui rappeler qu’“il ne l’est pas encore”.
Par la suite, il enchaîne les punchlines, se défendant même d’avoir soutenu l’ascension politique du candidat d’extrême droite Eric Zemmour au titre que son “travail consistait à découvrir des talents” et qu’il avait déjà “découvert ce talent” comme d’autres avant lui et cite: “Yves Calvi, Bono ou Marc Lévy”.
Bolloré dit qu'il n'a pas particulièrement soutenu l'ascension politique de Zemmour : "Mon travail consistait à découvrir des talents. Vous parlez de Zemmour, mais j'ai découvert ce talent comme j'en ai découvert plein d'autres : Yves Calvi, Bono, Marc Levy..."
— Sauvons Nos Médias (@SauvonsMedias) January 19, 2022
Interrogé par la commission d'enquête du Sénat sur la concentration dans les médias, Vincent Bolloré répond : "Notre intérêt n'est pas politique, pas idéologique mais purement économique. D'ailleurs, le segment de l'information est insignifiant en chiffre d'affaires chez nous."
— Margaux Baralon (@MargauxBaralon) January 19, 2022
Sur le fond, David Assouline ne semble en tout cas pas avoir été convaincu par le spectacle d’esquives de Vincent Bolloré, notamment sur les questions portant sur ses interférences dans les rédactions et sur les départs de personnalités diverses suite à des critiques à l’encontre du patron de Vivendi.
"Sur Europe 1, je n'ai vu aucun journaliste. C'est la réputation ..." se défend Vincent Bolloré. "Donc tout est fantasme ?" l'interroge @dassouline qui ajoute : "Dire ici que vous ne vous souciez en rien de la ligne éditoriale de vos médias ne m'a pas convaincu." #Bollorépic.twitter.com/WqzDKSU6Dm
— Public Sénat (@publicsenat) January 19, 2022
Jeudi 20 janvier, ce sera au tour de Bernard Arnault, propriétaire des Échos et du Parisien de prêter serment devant les sénateurs. Avec cette enquête publique, le sénateur David Assouline espère créer un véritable débat public autour de son rapport qui sortira fin mars.
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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.