L'audience au civil du Levothyrox fixée au 1er octobre 2018

LYON (Reuters) - Le tribunal d’instance de Lyon a fixé mardi au 1er octobre 2018 l’audience de plaidoirie dans l’affaire dite du "Levothyrox", qui oppose des patients utilisant ce traitement contre les laboratoires Merck.

Les parties pourront alors s'exprimer sur les demandes d’indemnisation des victimes de la nouvelle formule du médicament entre mars et octobre 2017, date du retour en pharmacie de l'ancienne formule appelée à disparaître fin 2018. Les patients disposent désormais de cinq traitements distincts.

Les plaignants ont jusqu’au 15 février 2018 pour déposer leurs dossiers assortis des pièces prouvant leurs troubles après la prise de la nouvelle formule, mise sur le marché en mars.

Christophe Leguevaques, avocat des plaignants, a indiqué avoir reçu déjà 2.500 dossiers et annoncé de prochaines procédures.

"Une nouvelle procédure va être engagée pour comprendre ce qui se passe", a-t-il indiqué. "En janvier, si Mme la Ministre n’a pas répondu à notre demande de réquisition de la production de l’ancienne formule fabriquée dans l’usine de Bourgoin-Jallieu et envoyée sur le marché italien, on sera obligé de saisir le tribunal administratif sur la carence de l’Etat."

"Si le produit reçoit un agrément pour aller sur le marché italien, il n’y a pas de raison qu’il ne vienne pas sur le marché français. Il faut que les pouvoirs publics et les laboratoire Merck arrêtent de nous prendre pour des zozos."

Merck a déclaré pouvoir fournir l'ancienne formule du Levothyrox jusqu'à la fin de l'année prochaine dans le meilleur des cas.

Florent Bensadoun, directeur juridique de Merck, a estimé que le calendrier des audiences "devrait nous permettre d’aborder sereinement les prochaines étapes".

"Merck considère aujourd’hui ne pas avoir manqué à ses obligations » a-t-il poursuivi.

"PAS DE FAUTES", DIT BUZYN

"Dans cette affaire, Merck a fait ce qu’on lui a demandé de faire : on nous a demandé de mettre au point une formule améliorée du Levothyrox, c’est ce que nous avons fait", a-t-il dit. "On nous a rapporté des symptômes persistants, nous ne le nions pas, et c’est pour cette raison que l’ancienne formule du Levothyrox est disponible aujourd’hui."

Il estime que la nouvelle formule convient à la majorité des quelque trois millions de patients concernés en France et rappelle l'existence d'alternatives.

Des propos qui ont suscité la colère des plaignants présents à cette audience technique.

"Il n’y a plus rien dans les pharmacies, on est sur liste d’attente, et on doit aller en Suisse, en Italie, en Espagne pour se fournir, et tout ceci à nos frais", a dit Marie Cata.

La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a déclaré mardi sur Sud Radio que s'il y avait "défaut de communication" de la part de Merck, il n'y avait pas faute.

"Je ne vais pas commenter une affaire judiciaire en cours, mais tout ce que je peux dire, c’est que dans la procédure de changement du Levothyrox, il n’y a pas eu de fautes", a-t-elle déclaré sur Sud Radio.

"L’Agence du médicament a demandé à Merck en 2015 de changer sa formule car elle était instable, et le laboratoire s’est soumis à la pression des autorités françaises pour changer cette formule", a-t-elle poursuivi.

"Mais notre système n’est pas prévu pour informer les patients. Il prévoit qu’on informe les médecins et les pharmaciens, et eux préviennent ensuite leurs patients. C’est organisé comme ça. C’est clairement un défaut du système", a souligné la ministre.

(Catherine Lagrange avec Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)