L'Assemblée de Martinique vote une proposition de loi sur le chlordécone

Serge Letchimy, président du Conseil exécutif de la Collectivité territoriale de la Martinique (CTM) le 26 novembre 2019. (Photo d'illustration) - DOMINIQUE FAGET © 2019 AFP
Serge Letchimy, président du Conseil exécutif de la Collectivité territoriale de la Martinique (CTM) le 26 novembre 2019. (Photo d'illustration) - DOMINIQUE FAGET © 2019 AFP

Les conseillers territoriaux de Martinique ont voté jeudi à l'unanimité des présents une proposition de loi pour inciter le gouvernement à élaborer une loi d'orientation et de programmation sur le chlordécone.

"C'est une proposition pour que le gouvernement présente un projet de loi", a lancé Serge Letchimy, président du Conseil exécutif de la Collectivité territoriale de la Martinique (CTM).

L'ancien député de Martinique et président de la commission d'enquête parlementaire sur le chlordécone avait formulé par le passé l'exigence d'une loi cadre sur cette affaire.

David Zobda, le conseiller exécutif en charge du Développement durable, qui a présenté la délibération à l'assemblée, estime qu'il s'agit de "sanctuariser dans la loi un certain nombre de dispositions de nature à répondre durablement, de manière sérieuse et intangible, à une action qui serait in fine reconnue par la nation".

"Restaurer la confiance" de la population et "la protéger"

La proposition formulée par la CTM compte 55 articles. Sept axes articulent le texte, parmi lesquels "restaurer la confiance" avec la population, "protéger la population des risques sanitaires", "préserver la filière agricole et la pêche" ou "la dépollution des sols".

Cette loi, si elle obtient le soutien du gouvernement, remplacerait les plans chlordécone pensés par l'Etat.

"Nous ne croyons pas à l'efficacité des plans qui nous sont proposés", justifie David Zobda.

Le Plan Chlordécone IV, qui a débuté en 2021, s'achèvera en 2027. Son budget de 92 millions d'euros pour l'ensemble des actions menées en Martinique et en Guadeloupe est jugé très insuffisant par les élus locaux.

Une opposition méfiante

Si l'opposition territoriale a voté ce texte avec la majorité, elle a affiché sa méfiance. "L'Etat a rusé par le passé avec l'ensemble des Martiniquais, si nous faisons un projet aujourd'hui, il faut que l'on suive ce projet de loi pour pouvoir encadrer des choses", a prévenu Louis Boutrin, conseiller territorial d'opposition et avocat d'une des parties civiles dans le volet pénal du dossier chlordécone.

En France, le chlordécone a été employé en Guadeloupe et en Martinique entre 1972 et 1993 pour lutter contre l'invasion du charançon dans les plantations de bananes. En raison d'une dégradation naturelle lente, cette molécule contamine toujours les parcelles sur lesquelles elle a été utilisée.

Article original publié sur BFMTV.com