L'armée nigériane reprend la ville de Baga à Boko Haram

L’ARMÉE NIGÉRIANE REPREND LA VILLE DE BAGA À BOKO HARAM

BAUCHI, Nigeria/NIAMEY (Reuters) - L'armée nigériane, appuyée par des frappes aériennes, a repris samedi à Boko Haram le contrôle de la ville de Baga, située dans le nord-est du pays, une victoire considérée comme importante dans l'offensive menée contre les islamistes. Baga est située au bord du lac Tchad, à la frontière du Nigeria avec le Tchad, le Niger et le Cameroun. Sa reconquête, une parmi d'autres ces deux dernières semaines, est particulièrement importante parce que la base militaire qui y est installée sert de siège à la force multinationale réunissant des soldats des quatre pays. Boko Haram avait revendiqué l'attaque de Baga le 3 janvier qui avait fait des dizaines, voir des centaines de morts, et laissé la ville aux mains des djihadistes. "Nous avons sécurisé Baga. Nous en avons désormais le contrôle total. Il n'y a plus que des opérations de nettoyage à faire", a déclaré le lieutenant-général Chris Olukolade, porte-parole de l'armée, joint par téléphone. Il avait auparavant déclaré qu'un "grand nombre de terroristes" s'étaient noyés dans le lac Tchad lors de l'avancée de troupes sur Baga. Les combattants islamistes de Boko Haram semblent être en fuite dans plusieurs endroits du Nigeria alors qu'ils sont soumis à une offensive d'envergure de tous les côtés. Ils ont toutefois par le passé semblé avoir été vaincus pour mieux rebondir et tuer davantage. "Pas même la stratégie de placer des mines dans plus de 1.500 endroits sur les routes menant à la ville ne pourraient sauver les terroristes des menées agressives des troupes en train d'avancer", avait indiqué Chris Olukolade dans un communiqué publié auparavant dans la journée. APPEL DE LA FRANCE AUX DONATEURS Boko Haram, qui a fait plusieurs milliers de morts depuis six ans au Nigeria, contrôle un territoire équivalent à la superficie de la Belgique dans le nord-est du pays. Il a multiplié les attaques au-delà des frontières ces derniers mois. Pour contrer la menace, les Etats voisins, où Boko Haram a pris l'habitude de se réfugier après ses attaques, ont décidé de repousser ses combattants à l'intérieur du Nigeria. Le Nigeria, le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Bénin ont décidé de constituer une force de 8.700 soldats pour combattre directement la secte sunnite. Une réunion doit avoir lieu la semaine prochaine à N'Djamena, la capitale tchadienne, pour finaliser le projet. L'armée tchadienne a fait savoir par un porte-parole qu'elle n'avait pas pris part à l'offensive sur Baga. Les armées du Niger et du Cameroun n'ont pu être jointes. Le président du Niger, Mahamadou Issoufou, a réaffirmé son engagement à lutter conter la secte dans un discours prononcé dans la ville de Diffa, théâtre d'une série d'attaque ce mois-ci. "Nous allons gagner cette guerre parce que nous ne sommes pas seuls", a-t-il dit samedi devant des casernes de l'armée. "Nous sortirons de ce teste plus expérimentés et plus aguerris." Au moins 23 personnes ont été tuées dans les combats entre Boko Haram et l'armée du Niger sur l'île de Karamga, sur la partie nigérienne du lac Tchad, selon un rapport de l'armée diffusé samedi. En visite dans la région, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a exprimé sa solidarité par rapport à la force créée par les cinq pays pour lutter contre Boko Haram et estimé qu'il fallait aider à son financement via une conférence des donateurs. La France fournit déjà un soutien logistique et en matière de renseignement aux armées des pays concernés, mais, malgré une forte présence militaire dans la région, n'est pas allée jusqu'à intervenir directement. (Avec Daniel Flynn à Mao et Bate Felix à Yaoundé; Marc Angrand et Danielle Rouquié pour le service français)