Paris et Washington pour une reprise des pourparlers en RDC

COMBATS EN RDC

PARIS (Reuters) - La France et les Etats-Unis ont appelé lundi l'armée du Congo démocratique et les rebelles du M23 à revenir à la table des négociations après la reprise des combats dans l'est du pays, qui fait craindre une régionalisation du conflit. A l'initiative de la France, le Conseil de sécurité des Nations unies se réunira lundi pour évoquer la situation en République démocratique du Congo (RDC), a déclaré Romain Nadal, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. L'armée congolaise a annoncé dimanche avoir repris le contrôle du bastion rebelle de Rutshuru, au troisième jour de combats l'opposant aux forces du M23 dans l'est du pays, qui se sont traduits par la mort d'un casque bleu des Nations unies. Après deux mois de calme relatif dans la région, les combats ont repris vendredi après la rupture des discussions de paix qui se tiennent en Ouganda voisin. Les rebelles du M23 réclamaient une amnistie pleine et entière pour leurs chefs. Une amnistie générale a été exclue par le président congolais, Joseph Kabila, la semaine dernière. Après trois jours de progression des forces gouvernementales, il semble désormais possible que l'armée de RDC puisse vaincre militairement le M23 et mettre fin à 20 mois d'un soulèvement qui a fait des dizaines de milliers de déplacés. La reprise du bastion de Rutshuru, à 70 km au nord de Goma, principale ville de l'est du Congo, a été annoncé à la radio Okapi de l'Onu par un porte-parole de l'armée, le colonel Olivier Hamuli. Rutshuru avait été prise par les rebelles il y a un peu plus d'un an et leur servait de base régionale. Dans la journée de dimanche, l'armée avait auparavant repris la localité de Kiwanja et samedi, celle de Kibumba, à la frontière rwandaise. BONNE FOI De passage à Paris, Russel Feingold, envoyé spécial des Etats-Unis pour la région des Grands Lacs, a cependant déclaré à la presse qu'une solution militaire n'était pas envisageable. "Il est risqué de croire que la réponse militaire est la solution", a-t-il dit. "Cela risque d'entraîner d'autres forces dans cette affaire, ce qui pourrait conduire à une guerre à l'échelle nationale, qui ne serait une bonne chose pour personne." La mission des Nations unies en RDC (Monusco) a annoncé qu'un de ses soldats, un Tanzanien, avait été tué et un autre blessé dans les combats avec le M23 à Kiwanja. "Le soldat est mort en protégeant la population de Kiwanja", a dit Martin Kobler, le chef de la Monusco, dans un communiqué. Les casques bleus avaient perdu au moins deux hommes lors de précédents combats en août. Les combats se poursuivaient dimanche à Kiguri, à 25 km au nord de Goma. Olivier Hamuli a déclaré que des combattants du M23 avaient fui vers la frontière rwandaise face à l'avancée de l'armée. "Il y a des petites poches de résistance dans les collines près du Rwanda", a-t-il dit. "Nous pensons que le Rwanda doit prouver sa bonne foi et obliger le M23 à désarmer, ou le désarmer lui-même." Selon les experts de l'Onu, le Rwanda soutient les rebelles du M23, ce que Kigali dément. L'armée congolaise, soutenue par une nouvelle brigade d'intervention de l'Onu, a remporté sa première victoire contre le mouvement rebelle fin août, en forçant les rebelles à quitter Goma. John Irish, avec Kenny Katombe et Chrispin Mvano à Kinshasa, Danielle Rouquié et Clémence Apetogbor pour le service français, édité par Gilles Trequesser