Près de 4.000 soldats russes seraient présents en Syrie

WASHINGTON (Reuters) - Près de 4.000 soldats russes sont présents en Syrie, mais ni leur présence ni les bombardements de l'aviation russe ne se sont traduits par des avancées significatives de l'armée gouvernementale, selon des responsables et experts américains. L'armée russe, présente depuis des décennies chez son allié syrien, disposait d'environ 2.000 hommes en Syrie au début de sa campagne de frappes aériennes, le 30 septembre. Selon trois responsables américains, les soldats russes ont essuyé des pertes. Ces sources, qui ont eu connaissance de rapports rédigés par les services de renseignements américains, ne savent cependant pas combien de militaires russes ont été tués ou blessés. Le ministère russe des Affaires étrangère a refusé de s'exprimer sur les effectifs présents en Russie et sur les pertes que l'armée a enregistrées. Selon le Kremlin, les soldats russes ne sont pas engagés dans les combats au sol, même si des instructeurs et des conseillers sont présents au côté de l'armée syrienne. Le seul décès reconnu par le gouvernement russe est celui d'un militaire qui se serait suicidé, une version dont doute la famille du soldat. La principale base russe est située à l'aéroport international de Lattaquié. Tous les avions russes déployés pour appuyer l'armée syrienne et les miliciens chiites venus de l'étranger en décollent, selon un responsable du Pentagone. Trois autres sites, à Hama, Sharyat et Tiyas, servent de base aux hélicoptères russes de combat. La flotte aérienne russe en Syrie est composée de 34 avions et 16 hélicoptères, a précisé le responsable. L'offensive menée par le gouvernement semble destinée à sécuriser l'emprise du régime de Bachar al Assad sur une Syrie resserrée allant d'Alep, dans le nord, jusqu'à Damas, en passant par Hama et Homs. Malgré l'intensité des bombardements russes, les troupes gouvernementales n'ont pas réalisé d'avancées notables sur le terrain, disent des responsables américains et des experts indépendants. Parmi les raisons expliquant la lenteur de leur progression, figurent les lourdes pertes enregistrées par l'armée gouvernementale dont les chars et autres véhicules blindés constituent des cibles de choix pour les rebelles équipés de missile TOW de fabrication américaine et livrés aux insurgés par l'Arabie saoudite. "L'impact s'est révélé insuffisant pour réaliser une percée significative dans les lignes des forces de l'opposition, sauf au sud d'Alep", déclare Yezid Sayigh, expert au Carnegie Middle East Center, un institut basé à Beyrouth. Selon un expert américain du renseignement, l'offensive de l'armée gouvernementale peut encore réussir, mais si elle reste trop longtemps dans l'impasse, le président russe, Vladimir Poutine, risque de devoir envisager d'autres options. "Si les offensives pro-gouvernementales patinent ou si leurs gains restent minimes, Poutine pourrait se voir contraint de réfléchir à l'accroissement de la présence militaire russe", dit-il. (Jonathan Landay, Phil Stewart et Mark Hosenball, Nicolas Delame pour le service français)