Contre-attaque de l'Etat islamique dans l'ouest de Mossoul

par Stephen Kalin MOSSOUL, Irak (Reuters) - L'Etat islamique a lancé une contre-attaque contre les forces gouvernementales irakiennes soutenues par les Etats-Unis dans l'ouest de Mossoul à la faveur d'une tempête dans la nuit de mercredi à jeudi, alors que les combats pour le contrôle du dernier grand bastion urbain de l'EI en Irak s'intensifient. Des explosions et des tirs ont été entendus dans les quartiers sud-ouest de la ville aux premières heures de jeudi. Les combats se sont calmés en fin de matinée. Un journaliste de Reuters a néanmoins été témoin d'une frappe aérienne et de tirs de mortiers de la part des rebelles. Selon un officier irakien, des djihadistes ont attaqué des unités des forces d'élite du CTS (Service de contre-terrorisme) au moment où la tempête gênait la surveillance aérienne et la visibilité au sol. Il a expliqué que certains djihadistes s'étaient cachés au milieu de familles déplacées par les combats pour se rapprocher des troupes entraînées par les Etats-Unis. Les forces irakiennes ont repris en janvier la partie orientale de Mossoul après 100 jours de combat et ont lancé le 19 février une attaque contre les quartiers situés sur la rive occidentale du Tigre. Selon des habitants, des civils et des djihadistes ont été tués mercredi dans une attaque commise contre la mosquée Omar al Assouad tenue par l'EI dans la partie ouest de Mossoul. Des maisons avoisinantes ont été endommagées ou se sont effondrées, ont encore indiqué ces témoins qui n'ont pas livré de bilan, leurs déplacements étant limités par la présence des djihadistes. Un porte-parole de la coalition menée par les Etats-Unis a dit ne pas être au courant d'une frappe aérienne contre la mosquée. RASSEMBLÉS SOUS LA PLUIE Cette mosquée est l'endroit où l'EI a ordonné aux membres de la police et des forces armées irakiennes de déposer leurs armes et de s'enregistrer dans une base de données quand le groupe fondamentaliste sunnite a pris le contrôle de la ville en 2014. En échange, ils recevaient un laisser-passer pour leur éviter d'être arrêtés, voire exécutés, aux barrages installés par les djihadistes. Selon les estimations de l'armée irakienne, plusieurs milliers de djihadistes, dont des combattants venus des pays occidentaux, sont cachés dans Mossoul parmi les habitants, dont le nombre s'élevait à 750.000, selon les organisations d'aide humanitaire au début de la dernière offensive. Selon les Nations unies, plus de 28.000 civils ont été contraints de quitter leur domicile dans la partie ouest de Mossoul depuis le 19 février, sur un total de 176.000 déplacés depuis le début de l'offensive globale en octobre dernier. Jeudi, un millier d'habitants supplémentaires ont fui Mossoul-Ouest, pour la plupart à pied. Certaines racontent que les djihadistes leur ont tiré dessus au moment où ils traversaient une tranchée. L'armée irakienne emmène les femmes et les enfants dans des camps et vérifie l'identité des hommes pour s'assurer qu'ils ne sont pas des combattants de l'EI en train de fuir. Jeudi, plusieurs centaines de femmes et d'enfants étaient rassemblés sous la pluie dans une gare routière abandonnée pour y recevoir de la nourriture de l'armée et d'une association caritative irakienne. Un membre du contre-terrorisme a tiré en l'air pour maintenir la file d'attente qui grossissait de plus en plus. (Nicolas Delame et Danielle Rouquié pour le service français)