L'armée avance à Mossoul, mais les victimes civiles augmentent

Les forces irakiennes ont pris deux nouveaux quartiers de Mossoul mais leur progression est ralentie par la tactique de l'Etat islamique qui utilise des civils comme boucliers humains. /Photo prise le 9 janvier 2017/REUTERS/Kheled Al-Remehi

par John Davison et Stephen Kalin BAGDAD (Reuters) - Les forces irakiennes ont pris de nouveaux quartiers de Mossoul mais leur progression dans le sud-est de la ville est ralentie par la tactique de l'Etat islamique qui utilise des civils comme boucliers humains, ont déclaré mardi des officiers. Les Nations unies font état d'un nombre important de civils admis dans les hôpitaux de la région depuis que les combats ont repris il y a deux semaines dans le dernier grand bastion de l'organisation djihadiste en Irak. L'avancée des forces spéciales dans l'est et le nord-est de la métropole du nord de l'Irak s'est accélérée et les unités du Service de contre-terrorisme (CTS) ont atteint pour la première fois ce week-end les rives du Tigre, qui coupe Mossoul en deux du nord au sud. Des unités de l'armée ont en outre pénétré mardi dans le quartier de Hadba, a annoncé un porte-parole de la 16e Division. "Ils sont entrés aujourd'hui dans Hadba. Il y a une bataille à l'intérieur de la ville", a déclaré le lieutenant-colonel Abbas al Azaoui. S'emparer de Hadba, un vaste quartier de Mossoul, prendra probablement plus d'une journée, alors que les djihadistes déploient des kamikazes pour résister à leurs adversaires. Une meilleure défense contre les voitures suicides lancées par l'EI ainsi qu'une meilleure coordination ont permis de placer le groupe djihadiste sur la défensive, commentent des officiers irakiens et américains. "Tous les jours, les forces de sécurité irakiennes avancent et tous les jours, l'ennemi recule ou se terre", a déclaré le colonel de l'US Air Force John Dorrian, devant des reporters à Erbil, la capitale du Kurdistan autonome irakien. PLUS DE 1.500 BLESSÉS Mais les affrontements dans le sud-est de Mossoul sont plus durs. "Le problème est que l'EI se cache parmi les civils, c'est pourquoi notre progression est lente et très prudente", a expliqué le lieutenant-colonel Abdel Ami al Mohamedaoui, porte-parole des unités de réaction rapide de la police fédérale. Ces forces spéciales ainsi que l'armée régulière ont pris les quartiers de Palestine et Sumer au cours des dernières 24 heures mais les djihadistes tirent sur les habitants qui tentent de fuir, a-t-il ajouté. "Quand elles voient arriver les forces irakiennes, les familles fuient les zones contrôlées par Daech en brandissant des drapeaux blancs mais Daech les bombardent au mortier ou au coktail Molotov, et tire sur elles", a dit l'officier. "Dès que l'EI se retire d'un quartier, les djihadistes bombardent à l'aveugle et ce sont de violents bombardements." Selon le colonel Dorrian, les djihadistes se cachent dans des mosquées, des écoles ou encore des hôpitaux. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a déclaré que plus de 1.500 personnes avaient été hospitalisées dans les villes contrôlées par les Kurdes à l'extérieur de Mossoul au cours des deux dernières semaines. L'opération de reconquête de Mossoul, qui mobilise quelque 100.000 hommes, a été lancée le 17 octobre dernier. L'EI contrôle la ville depuis juin 2014. (avec Girish Gupta à Erbil; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)