Ryad forme une "coalition islamique antiterroriste"

par Noah Browning et John Irish PARIS/DUBAI (Reuters) - Les 34 pays membres de la coalition islamique antiterroriste formée par l'Arabie saoudite partageront des renseignements, équiperont, formeront et, si nécessaire, mettront à disposition des forces, a déclaré mardi le chef de la diplomatie saoudienne, Adel al Djoubeïr. Ryad avait annoncé un peu plus tôt la formation de cette coalition réunissant des pays du Proche et du Moyen-Orient mais aussi d'Afrique, décision qui a été saluée par les Etats-Unis qui réclamaient une plus grande implication de la région dans la lutte contre les islamistes maîtres d'une partie de l'Irak et de la Syrie. "Rien n'est exclu", a déclaré Adel al Djoubeïr, interrogé lors d'une conférence de presse à Paris sur un éventuel envoi de troupes au sol. "Cela dépend des demandes exprimées, cela dépend des besoins et cela dépend de la volonté des pays à fournir le soutien nécessaire". "Des discussions sont en cours, impliquant des pays parties prenantes de la coalition (comme) l'Arabie saoudite, les Emirats (arabes unis), le Qatar et Bahreïn, sur l'envoi de forces spéciales en Syrie. Ce n'est pas exclu", a-t-il dit aux journalistes. L'Egypte, la Turquie, la Malaisie, le Pakistan et plusieurs pays d'Afrique figurent également sur la liste des membres de la coalition qui a été diffusée lundi par l'agence de presse officielle saoudienne. L'Iran, grand rival de l'Arabie saoudite dans la région, n'y figure pas. La coalition disposera d'un centre commun d'opérations installé à Ryad afin de coordonner et soutenir les opérations militaires. La coalition ne disposera pas d'armée autonome en soi. "Si des pays ont besoin d'une aide, ils pourront en faire la demande et les pays qui peuvent fournir une assistance le feront, tout cela se décidera au cas par cas", a dit Djoubeïr. Le communiqué diffusé par l'agence de presse saoudienne SPA parle d'un "devoir de protéger la nation islamique contre le fléau des groupes et organisations terroristes, quels que soient leur secte et leur nom, qui propagent la mort et la corruption sur terre et qui cherchent à terroriser les innocents". LUTTER CONTRE "TOUT GROUPE TERRORISTE" Le ministre saoudien de la Défense Mohammed bin Salman, deuxième dans l'ordre de succession du trône, a indiqué lors d'une conférence de presse que la coalition coordonnerait son action avec les principales puissances et avec les organisations internationales. Son ambition n'est pas seulement du lutter contre l'EI mais contre "tout groupe terroriste", a ajouté le ministre. En visite mardi en Turquie, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter, a déclaré que l'initiative saoudienne semblait répondre à ses appels à un plus grand engagement des pays sunnites dans la lutte contre l'EI. "Nous attendons d'en savoir plus sur les intentions de l'Arabie saoudite au sujet de cette coalition", a-t-il dit sur la base aérienne d'Incirlik. "Mais, en général, cela semble s'inscrire tout à fait dans la ligne de ce que nous réclamons depuis un certain temps - un plus grand engagement des pays arabes sunnites dans la campagne pour combattre l'EI." La ministre allemande de la Défense a également salué l'annonce de la création de cette coalition. Ursula von der Leyden, qui s'exprimait sur la chaîne de télévision allemande ZDF, a déclaré que cette alliance sera utile si elle rejoint des autres pays qui lutte contre l'EI. Elle a souligné que le groupe djihadiste l'EI avait prospéré en profitant des désaccords au sein du monde musulman. (Noah Browning avec Yeganeh Torbati, Michelle Martin, et Marine Pennetier à Paris; Pierre Sérisier, Danielle Rouquié, Guy Kerivel et Eric Faye pour le service français)