L'anesthésiste Frédéric Péchier mis en examen pour 2 nouveaux cas d'empoisonnement de patients
Au total, le docteur Péchier est soupçonné de 26 empoisonnements sur des patients. L'anesthésiste est interdit d'exercer la médecine.
L'anesthésiste Frédéric Péchier, qui ne cesse de clamer son innocence, a été mis en examen ce mercredi à Besançon pour deux nouveaux empoisonnements présumés de patients et se trouve désormais soupçonné de 26 cas, a annoncé le procureur de la République, Eric Manteaux.
Il a été "mis en examen pour deux cas", dont un mortel, et a été placé sous le statut de témoin assisté pour un troisième, a indiqué lors d'un point presse Etienne Manteaux.
À la lumière de nouvelles contre-expertises médicales remises à la justice, le docteur Péchier a été entendu ce matin dans le bureau de la juge pour ces huit nouveaux cas d'empoisonnement, dont quatre mortels. Me Schwerdorffer n'a toutefois pas été en mesure de préciser combien de cas mortels sont, au total, reprochés à son client.
Droit au silence
Face à la magistrate, le docteur Péchier a gardé le silence et "n'a pas répondu" à ses questions, a indiqué l'avocat qui avait laissé entendre ces derniers jours que l'anesthésiste pourrait opter pour la stratégie du silence. La défense va contester ces nouvelles mises en examen devant la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Besançon, a par ailleurs annoncé Me Schwerdorffer.
Frédéric Péchier est soupçonné d'avoir pollué les poches de perfusion de patients entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi pour discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit.
Les soupçons sont sont apparus lorsqu'une anesthésiste d'une clinique de Besançon a donné l'alerte après trois arrêts cardiaques inexpliqués de ses patients en pleine opération. Les poches de perfusion avaient été saisies et des analyses avaient révélé des "doses de potassium 100 fois supérieures à la normale", avait alors indiqué le procureur Etienne Manteaux.
66 cas d'événement indésirable grave
En janvier 2017, une information judiciaire a donc été ouverte et deux mois plus tard, Frédéric Péchier, a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour deux premiers cas d'empoisonnements de patients. La direction de la clinique a ensuite présenté aux enquêteurs de la police judiciaire de Besançon 66 cas d'EIG (événement indésirable grave) survenus dans leur établissement.
Ces investigations ont mené, en mai 2019, à la mise en examen du Dr Péchier pour 17 nouveaux cas d'empoisonnement concernant des patients âgés de 4 à 80 ans, dont neuf mortels.
Interrogatoires "reportés"
Ce mercredi a marqué le coup d'envoi d'une longue série d'auditions devant la juge: huit autres journées sont prévues courant mars afin de récapituler l'ensemble des mises en examen de ce dossier.
Frédéric Péchier, qui vit dans la Vienne, a vu son contrôle judiciaire récemment allégé et peut désormais revenir dans le Doubs voir sa famille. Il avait fait en septembre 2021 une tentative de suicide et avait été hospitalisé plusieurs semaines.
Il est toujours "abattu" et "a vécu comme un acharnement la dernière ordonnance de la juge qui lui interdit d'exercer la médecine", alors qu'une précédente décision ne lui interdisait que la pratique de l'anesthésie et de la réanimation, a rappelé avant l'audience Randall Schwerdorffer.
Article original publié sur BFMTV.com
VIDÉO - Attendu sur l'IVG, Emmanuel Macron rend hommage à Gisèle Halimi